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Le magazine Newsweek tourne la page du papier

Le célèbre hebdomadaire américain Newsweek va mettre un point final à sa version papier le 31 décembre, après 80 ans d’existence. En 2013, le titre de presse deviendra un site d’informations en ligne, rebaptisé Newsweek Global.

Pour sa dernière couverture, le magazine Newsweek a choisi une Une forte en symboles : Une photo rétro - en noir et blanc - de New York centrée sur le building Newsweek qui contraste avec un titre des plus modernes : #LastPrintIssue. Ce hashtag, qui renvoie sur Twitter afin que chacun puisse poster des commentaires, fait figure de clin d’œil à la version tout numérique qui va prendre le relais de la version papier.

Le célèbre hebdomadaire, qui fêtera en 2013 ses 80 ans, avait annoncé fin octobre qu'il publierait sa dernière édition papier le 31 décembre avant de basculer au 100 % numérique. "Nous faisons évoluer Newsweek, nous ne lui disons pas 'Au revoir', ont écrit, le 18 octobre Tina Brown, fondatrice et rédactrice en chef de la co-entreprise Newsweek-Daily Beast, et Baba Shetty, son directeur général, dans un communiqué publié sur le site The Daily Beast. Nous restons attachés à Newsweek et au journalisme qu'il représente."

Le mythique titre de presse n’a pas échappé à la crise des grands titres de la presse écrite à l'heure du Web et du marasme économique. Newsweek, deuxième hebdomadaire américain derrière Time, a été diffusé dans ses beaux jours à 3,3 millions d’exemplaires par semaine avant de connaître, ces dernières années, un déclin de ses ventes et de ses recettes publicitaires. En 2010, le titre a perdu 20 % de ses annonceurs, contraignant la Washington Post Company à vendre le journal pour un dollar symbolique à un milliardaire avant de fusionner avec un site Internet d’informations, The Daily Beast.

Vidéo hommage au magazine Newsweek

Des suppressions de postes à venir

Mais le changement de direction n’a pas stoppé l’hémorragie. En 2011, le magazine a accusé une nouvelle chute de 16 % d’annonceurs. Sa rédactrice en chef, Tina Brown, personnalité de la presse américaine qui a notammé dirigé la rédaction de Vanity Fair et du New Yorker, a bien tenté de sauver le journal en essayant de doper ses ventes par des Unes aguicheuses, notamment celles présentant le président Obama comme "le premier président gay". Mais le résultat s’est révélé peu convaincant, voire ridicule pour certains.

L’ambiance dans la rédaction a traversé des périodes de vives tensions à mesure que la situation financière s’est aggravée. "La décision que nous [avons prise] n'est pas liée à la qualité de cette marque ou au travail de ses journalistes - qui restent plus brillants que jamais, ont également expliqué Tina Brown et Baba Shetty. Il s'agit d'une décision liée à l'environnement économique difficile de l'édition et de la distribution." Des spécialistes des médias, interrogés dans le New York Times, ont dédouané Tina Brown qui a, selon eux, mené un combat perdu d’avance.

En juin dernier, le magazine est vendu à seulement 1,5 million d’exemplaires quand le site du Daily Beast attire plus de 15 millions de visiteurs uniques par mois en 2012. La fin de la version papier est alors devenue inévitable... Elle devrait permettre de juguler un déficit annuel estimé à 40 millions de dollars. Une évolution qui se traduira par des suppressions de postes aux États-Unis et à l'étranger. Les salariés devraient également quitter le siège historique du journal, situé au 444 Madison Avenue.

En 2013, le magazine numérique, qui sera baptisé Newsweek Global, consistera en une édition unique. Il visera, selon Tina Brown, un lectorat "très mobile de leaders d'opinion".