Alors que la conférence onusienne s'est officiellement terminée vendredi sans qu'aucun accord ne soit conclu, les 190 pays réunis à Doha doivent formuler un avis sur un texte de compromis qatari proposé ce samedi.
Le Qatar, qui accueille les négociations onusiennes sur la lutte contre le changement climatique, a proposé samedi matin un texte de compromis aux délégations qui n'étaient toujours pas parvenues à conclure un accord au lendemain de la date prévue pour la fin des travaux.
"Le temps est venu d'intensifier les efforts", a lancé aux délégués et ministres de plus de 190 pays, réunis en séance plénière, le vice-Premier ministre du Qatar Abdallah al-Attiya qui préside la conférence de l'ONU depuis le 26 novembre à Doha.
Il a alors proposé aux délégations une série de textes présentant un compromis acceptable, selon lui, sur l'ensemble des dossiers discutés comme l'acte II du protocole de Kyoto, l'un des principaux points de l'accord attendu.
"Nous n'avons pas des jours entiers à notre disposition. Les ministres et les délégués commencent à partir, nous devons finir dans les prochaines heures", a-t-il poursuivi, insistant: "Le mieux est l'ennemi du bien".
Les délégations disposaient d'une heure et demi, soit jusqu'à 07H00 GMT, pour prendre connaissance des documents et formuler un avis.
"Ce n'est pas à prendre ou à laisser", a souligné M. al-Attiya.
Plus tôt, un négociateur européen avait indiqué à l'AFP ne pas s'attendre à un accord "avant au moins plusieurs heures".
Les délégations ont mené des consultations tous azimuts toute la nuit pour tenter de débloquer, en vain, certains dossiers très épineux dont celui de l'aide financière réclamée par les pays du Sud pour faire face aux effets du réchauffement du globe.
Ces derniers ont réclamé 60 milliards de dollars d'ici 2015 pour faire la transition entre l'aide d'urgence de 30 milliards de dollars décidée pour 2010-2012, et la promesse des 100 milliards par an d'ici 2020.
Les grands pays bailleurs de fonds ont refusé de s'engager sur une telle somme.
Les négociateurs ont tenté de trouver une formule rassurant les pays en développement sur le fait que les pays du Nord rempliraient leurs engagements, mais les Etats-Unis étaient, au coeur de la nuit, très réticents à toute mention trop contraignante.
Kyoto 2
D'autres dossiers restaient ouverts sur la table des négociations comme la question des réparations demandées par les pays du Sud au Nord pour les "pertes et dommages" liés au changement climatique, un bras de fer serré opposant les pays les plus pauvres aux Etats-Unis.
Les premiers veulent voir la mise en oeuvre d'un mécanisme sur ce sujet alors que la délégation américaine craint qu'il ne mène un jour à des actions en justice, selon un observateur des négociations.
La conférence de Doha doit notamment donner naissance, à partir du 1er janvier 2013, à la seconde période du protocole de Kyoto, seul outil engageant les pays industrialisés à réduire leurs gaz à effet de serre (GES), mais dont la portée sera essentiellement symbolique.
Il ne concernera que l'UE et l'Australie après le désistement du Japon, de la Russie et du Canada, soit uniquement 15% des GES globaux. Mais les pays du Sud y tiennent, au nom de la "responsabilité historique" du Nord dans le dérèglement climatique.
Ces dernières semaines, rapports et études ont sonné l'alarme sur la réalité du changement climatique et le fait que les efforts réalisés étaient bien loin du compte.
Le monde se dirige actuellement vers une hausse de 3°C à 5°C de la température globale et non 2°C, seuil au-delà duquel le système climatique risque de s'emballer.
Depuis 1995, la communauté internationale se retrouve chaque année, lors de complexes et laborieuses négociations sous l'égide de l'ONU, pour tenter de monter en puissance et répartir équitablement les réductions de GES entre les différentes nations.
Le prochain grand rendez-vous est celui de 2015 à Paris pour conclure un accord "universel" sur les réductions de GES, impliquant tous les pays dont les deux grands pollueurs que sont la Chine et les Etats-Unis qui n'ont jamais ratifié Kyoto, et devant entrer en vigueur en 2020.
AFP