
Le recours de Marine Le Pen contre le résultat de l'élection législative à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, a été rejeté par le Conseil constitutionnel. La victoire du socialiste Philippe Kemel a été confirmée.
Le Conseil constitutionnel a confirmé vendredi l'élection dans la 11e circonscription du
Pas-de-Calais du socialiste Philippe Kemel, privant Marine Le Pen d'une deuxième chance dans son fief électoral de Hénin-Beaumont et de sa région.
Les "Sages" ont également rejeté les recours dirigés contre les opérations électorales des législatives des 10 et 17 juin 2012 dans six autres circonscriptions.
La présidente du Front national avait estimé par avance qu'un rejet du recours déposé par son lieutenant Steeve Briois serait une "décision politique" du Conseil soucieux de ne pas laisser d'espace à son parti dans une période agitée.
"C'est une décision politique. Le militant UMP qui préside le Conseil constitutionnel devrait démissionner pour redonner de la crédibilité" à l'institution", a-t-elle répété vendredi aux journalistes, visant Jean-Louis Debré.
"En prenant parti de manière évidente pour le candidat socialiste quitte à nier l'évidence, celui qui est pourtant le fils de l'un des pères de la Ve République prend le risque de transformer la juridiction suprême de notre pays en succursale des arrangements de l'UMP et du PS", a renchéri Steeve Briois, suppléant de Marine Le Pen.
En revanche, la gauche a salué, à l'instar de Bruno Le Roux, une "victoire du droit".
"Elle fait litière des fausses accusations de Mme Le Pen qui passe son temps à salir ses adversaires pour faire oublier son rejet par une majorité de Français", écrit le président du groupe PS de l'Assemblée dans un communiqué.
Sur i>Télé, Philippe Kemel a estimé que le FN avait monté de toutes pièces un dossier de fausses signatures lors du scrutin de juin. Le Conseil constitutionnel "n'a pas été abusé et a su voir où était la vérité", a-t-il dit.
La maire PS de Lille, Martine Aubry, a salué de son côté la validation de l'élection d'un "député compétent, aux valeurs affirmées et mobilisées pour l'intérêt du pays".
Le FN dénonçait des fraudes
Le candidat socialiste l'avait emporté de 118 voix sur Marine Le Pen avec 26.812 voix, soit 50,11% des suffrages exprimés, contre 26.694 voix (49,89%).
Dans cette circonscription, dont la ville principale est Hénin-Beaumont, Jean-Luc Mélenchon, le "patron" du Front de gauche, avait été éliminé à l'issue du premier tour de scrutin, où il n'était arrivé qu'en troisième position.
Autant Marine Le Pen se voulait prudente, autant ses partisans dans le Pas-de-Calais espéraient la voir rejoindre à l'Assemblée nationale les deux députés frontistes élus en juin dernier, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard.
Sans attendre la décision du Conseil constitutionnel, la guerre des affiches avait repris depuis plusieurs semaines dans l'ancien bassin minier dont la dirigeante du FN a fait son terrain de chasse électoral.
L'entourage de Marine Le Pen estimait avoir déposé devant les "Sages" un dossier solide, notamment les copies d'une cinquantaine de signatures jugées frauduleuses sur les listes d'émargement tenues dans plusieurs bureaux de vote.
Dans certains cas, la signature du second tour ne correspondait pas à celle du premier, assurait-il.
Le rejet du recours de Marine Le Pen enlève une épine du pied à l'ex-candidat du Front de gauche à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, dont certains proches lui déconseillaient de repartir au combat. Lui-même semblait hésitant.
"Si les copains jugent que c'est utile que je revienne mener le combat, je suis disponible, j'y retournerai. C'est la pire campagne que j'ai jamais vécue, mais j'ai eu raison d'y aller : je n'étais pas le sortant et j'ai gagné 1.000 voix en trois semaines", expliquait-il récemment dans Libération.
Les six autres circonscriptions où les recours ont été rejetés sont les 3e et 8e des Bouches-du-Rhône, la 5e de la Meurthe-et-Moselle, où Dominique Potier (PS) avait nettement battu l'ancienne ministre UMP Nadine Morano, la 7e de Seine-et-Marne, la 5e de Seine-Saint-Denis et la 6e du Val-d'Oise.
Le Conseil constitutionnel précise dans un communiqué qu'il demeure saisi de 18 contestations contre les opérations électorales dans 15 circonscriptions. Il les jugera dans les semaines à venir.
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