Si la vague de cyberattaques menées, la semaine dernière, contre des sites israéliens par les Anonymous semble sur le papier impressionnante, à l’heure du bilan, elle démontre surtout la faiblesse actuelle de ces cyber-activistes.
Le tableau final a beau sembler impressionnant, les retombées le sont beaucoup moins. Cinq jours après le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, c’est l’heure du premier bilan de l’opération #OpIsraël que les cyberactivistes d’Anonymous ont menée pour dénoncer “les méthodes brutales” de Tsahal à Gaza. Et il n’est pas forcément flatteur.
Les Anonymous sont considérés comme l'un des principaux groupes de hacktivistes actuellement actifs.
Si ces hackers existent depuis 2003 - à l'époque ils militent essentiellement contre la présence de l'église de Scientologie sur le Net - ils se font connaître du grand public à partir de 2008-2009.
C'est à cette époque qu'ils commencent à multiplier les attaques informatiques contre des sites de réprésentants de l'industrie du disque et du cinéma. Ils se veulent alors les garants d'un internet libre contre l'influences des lobbys et de ceux qui essaient faire du web un espace purement marchand.
Par la suite, les Anonymous déclinent leurs hacktivismes à travers des opérations thématiques comme l'Operation Free Assange (en 2011) pour soutenir le fondateur de WikiLeaks, l'Operation Tunisia contre soutenir la révolution tunisienne (en 2011) ou encore l'OpSyria plus récemment.
Ils sont aussi à l'origine de quelques attaques informatiques d'envergure comme celles contre le service de jeux en réseau de Sony (en mai 2011) ou encore contre le Pentagone (en juilllet 2011).
Autant de fait d'arme qui a valu à ce groupes d'hacktivistes de figurer dans la liste 2011 des 100 personnalités les plus influentes du magazine américain Times
Le site américain spécialisé dans la sécurité informatique Hackmaggedon a dressé, dimanche 25 novembre, une très complète chronologie des attaques informatiques menées par ces “hacktivistes”. Quantitativement, leur cyber-butin apparaît sans précédent pour une seule opération.
En une semaine, ces pirates informatiques agissant sous la bannière de l’OpIsrael assurent avoir réussi à faire fermer - même temporairement - plus de 10 000 sites israéliens. Ils ont, en outre, publié sur l’Internet les données personnelles (compte email et leurs identifiants) de près de 200 000 citoyens de l’État hébreu. Enfin, ils ont effacé les bases de données de plus d’une centaine de sites.
Cet imposant tableau de chasse semble contredire le ministre israélien des Finances, Yuval Steinitz, qui avait affirmé, le 18 novembre, qu’une seule attaque informatique “sur 44 millions de tentatives” avait abouti. Mais si la fanfaronnade israélienne a été un peu hâtive, la vague de cyberattaques est, en fait, bien moins impressionnante qu’elle n’en a l’air.
D’abord, difficile de trouver dans la liste à rallonge de pages web attaquées avec succès des sites prestigieux. Anonymous a eu beau revendiquer avoir eu la cyber-peau des ministères de l’Industrie et des Affaires Étrangères, ces sites ont rapidement refait surface. Seul celui de la Bank of Jerusalem est encore absent du web. Pour le reste, il s’agit de sites vitrines de ce que le magazine américain Time appelle “des petites entreprises à papa ou maman”. Pas franchement de quoi saper l’effort militaire de l’armée israélienne.
Faiblesse des Anonymous
Même chose pour les données personnelles publiées sur Internet. Ils ont beau être légion, ces identifiants concernent, dans l’écrasante majorité, des citoyens israéliens lambda et non des “officiels” et “soutiens actifs” de la politique israélienne comme l’avait affirmé Anonymous sur l’Internet.
L’heure de gloire de l’OpIsrael a, en fait, eu lieu le 21 novembre lorsque le compte Twitter et la page Facebook de Silvan Shalom, vice-Premier ministre israélien, ont été piratés. Un fait d’arme numérique qui ne revient, cependant, même pas directement à Anonymous. Cette prise de contrôle a été, en effet, revendiquée par "zCompany Hacking Crew", un groupe de hackers pakistanais qui s’est greffé à l’#OpIsrael.
La cyber-agitation d’Anonymous n’a donc nullement perturbé leur cible principale : l’armée israélienne. Pire, le spectacle offert par ces cyberactivistes démontrerait leur faiblesse actuelle, juge le site américain spécialisé dans les tendances numériques Gizmodo. “Ils ont beaucoup communiqué autour de cette opération contre Israël, mettant leur crédibilité en jeu et au final elle n’a rien donné ou presque”, note le site qui se demande “jusqu’à quand, on peut les prendre au sérieux après ce genre d’opérations”.
L’échec d’OpIsrael démontrerait, surtout, que les Anonymous d’aujourd’hui n’ont plus les compétences de ceux de la grande époque. Lorsqu’ils comptaient parmi eux les pirates informatiques de LulzSec (responsables du piratage de Sony ou encore du site de la CIA en 2010). La plupart des “leaders” du mouvement ont été arrêtés début 2012 et “ceux qui ont les connaissances et le courage de s’attaquer à des cibles prestigieuses sont soit entre les mains des autorités policières soit se cachent loin des Anonymous”, juge Gizmodo.