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Nobel de la paix : dix concurrents qui pourraient priver Trump du prix qu'il convoite tant
Le prix Nobel de la paix 2025 sera décerné vendredi en Norvège à l'un des 338 concurrents en lice, dont 244 personnalités et 94 organisations, dont l'identité est gardée secrète. Si le président américain Donald Trump se dépeint depuis plusieurs mois en lauréat idéal, certains de ses concurrents semblent mieux placés pour l'emporter.
Le prix Nobel de la paix sera décerné vendredi 10 octobre à Oslo, en Norvège. © AP / Studio graphique France Médias Monde

Qui rejoindra Narges Mohammadi, le dalaï-lama et Martin Luther King ? Probablement pas Donald Trump. Le président américain, qui se vante d'avoir résolu sept conflits en autant de mois passés à la Maison Blanche, et mène une campagne agressive dans l’espoir de décrocher le prix Nobel de la paix – attribué à son grand rival Barack Obama en 2009 –, semble loin de faire l'unanimité.

Si l'activisme diplomatique de Donald Trump est avéré, ses contributions pour la paix restent limitées, selon les experts. Par ailleurs, le milliardaire a commencé son mandat en menaçant d’annexer le Groenland et de prendre le contrôle du canal de Panama, en coupant l’aide à l’Afrique et en tentant d'expulser par tous les moyens les migrants illégaux des États-Unis. Une vision difficilement compatible avec la défense de la "fraternité entre les nations" promue par le Nobel.

Face à Donald Trump, plusieurs concurrents semblent en réalité mieux placés pour l'emporter : organisations humanitaires, personnalités politiques, figures de la société civile... France 24 dresse la liste de dix favoris au Prix Nobel de la paix 2025 qui sera décerné vendredi 10 octobre à Oslo en Norvège.

  • Les "Cellules d’intervention d’urgence" (ERR)

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Des familles soudanaises déplacées trouvent refuge dans une école après avoir été évacuées par l'armée soudanaise à Omdourman, au Soudan, le 23 mars 2025. © AP

Elles font partie des concurrents les plus solides cette année. Les "cellules d’intervention d’urgence" (ERR) forment un réseau humanitaire opérant dans une structure décentralisée au Soudan. Dans ce pays ravagé depuis deux ans par une guerre meurtrière entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), ces bénévoles viennent en aide à la population en fournissant une aide médicale, en gérant des cuisines communautaires ou en organisant des évacuations. Au-delà de ce rôle humanitaire, les ERR documentent le conflit en cours et fournissent des informations aux médias internationaux. Un Nobel de la paix décerné aux ERR, acteurs de terrain d'un conflit peu médiatisé, serait l'occasion de mettre un coup de projecteur sur le courage de ces bénévoles dans un conflit que l'ONU considère comme "la plus grande crise humanitaire au monde".

  • Volodymyr Zelensky

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies, le 24 septembre 2025 au siège de l'ONU. © Yuki Iwamura, AP

C'est la grande personnalité politique de ce classement. Président courage et symbole européen de la résistance à l’invasion russe, le chef de l'État ukrainien est perçu comme un candidat crédible depuis au moins 2022. Alors que les négociations de paix entre Kiev et Moscou initiées par Donald Trump semblent au point mort, le choix de Volodymyr Zelensky pourrait constituer un puissant message.

  •  L'ONG Reporters sans frontières (RSF)

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Une action de Reporters sans frontières en mémoire des journalistes tués alors qu'ils couvraient la guerre à Gaza, à Paris, le 26 septembre 2024. © Christophe Ena, AP

En 2021, le Comité Nobel avait choisi de mettre à l'honneur la défense d'une presse libre et indépendante en distinguant la journaliste philippine Maria Ressa, fondatrice du média d’investigation Rappler, et le directeur de publication du journal indépendant russe Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov. Le courage des journalistes pourrait de nouveau être salué alors que la profession a connu une année noire en 2024, en particulier dans la bande de Gaza. Au 1er septembre, Reporters sans frontières (RSF) a comptabilisé plus de 210 journalistes tués dans l'enclave palestinienne en près de deux ans d’opération militaire d’Israël.

  • Mahrang Baloch

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Des militants brandissent des affiches représentant Mahrang Baloch, militante baloutche des droits humains, lors d'une manifestation réclamant sa libération à Karachi, au Pakistan, le 24 mars 2025. © Fareed Khan, AP

Elle est l'une des militantes des droits humains les plus connues du Pakistan. Figure du mouvement de défense des Baloutches, Mahrang Baloch est mobilisée depuis des années contre les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires qui visent cette minorité ethnique au Baloutchistan, province située aux confins du Pakistan, de l’Iran et de l’Afghanistan. Un engagement qui lui vaut d'être emprisonnée depuis mars à Quetta, la capitale de la province. Les autorités l'accusent de terrorisme, sédition et meurtre. La trentenaire, chirurgienne de formation, pourrait ainsi devenir la deuxième Pakistanaise à obtenir le Nobel, onze ans après Malala Yousafzai, plus jeune lauréate du prix.

  • La Cour pénale internationale (CPI)

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Une vue de l'extérieur de la Cour pénale internationale à La Haye, aux Pays-Bas, le 12 mars 2025. © Omar Havana, AP

Visée par des sanctions de Washington, en représailles au mandat d'arrêt délivré contre deux responsables israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, ainsi qu'à des procédures engagées contre des soldats américains en Afghanistan, la Cour Pénale internationale (CPI) pourrait recevoir un soutien symbolique du Comité Nobel. Créée en 2002, l'institution chargée de juger les crimes les plus graves commis dans le monde est également contestée au Sahel. Fin septembre, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, trois pays dirigés par des juntes militaires, ont annoncé leur retrait de la CPI "avec effet immédiat".

  • Ioulia Navalny

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Ioulia Navalny présente son projet de télévision au siège de Reporters sans frontières (RSF), à Paris, le 3 juin 2025. © Thomas Padilla, AP

Veuve d'Alexeï Navalny, opposant historique à Vladimir Poutine mort en février 2024 dans des conditions suspectes dans une colonie pénitentiaire du cercle polaire arctique, Ioulia Navalny a promis de reprendre le combat de son mari. En juin, elle a lancé une nouvelle chaîne de télévision baptisée "Future of Russia" et destinée à contrer la propagande du Kremlin. Cet éventuel prix Nobel de la paix permettrait de redonner un coup de projecteur à la société civile russe dans un contexte de répression accrue depuis le déclenchement de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine. En 2022, le comité Nobel avait déjà choisi de distinguer "trois champions remarquables des droits humains, de la démocratie et de la coexistence pacifique" à travers les ONG russe Memorial et ukrainienne Centre pour les libertés civiles, ainsi que le militant biélorusse Ales Bialiatski.

  • Chow Hang-tung

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Chow Hang-tung après une interview à Hong Kong le 24 mai 2021. © Vincent Yu, AP

Avocate et défenseuse des droits humains, la militante Chow Hang-tung est l'une des principales figures de l'opposition au régime chinois à Hong Kong. Elle a été vice-présidente de l'Alliance de Hong Kong, un groupe prodémocratie qui organisait chaque année les veillées commémoratives du massacre de Tiananmen. En 2021, le groupe a annoncé sa dissolution face aux pressions exercées par Pékin. Emprisonnée depuis cette date, elle risque également jusqu'à dix ans de prison si elle est reconnue coupable d'"incitation à la subversion du pouvoir de l'État" en vertu de la loi sur la sécurité nationale.

  • Standing Together

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Une manifestation appelant à la libération des otages enlevés par le Hamas dans la bande de Gaza, à Tel-Aviv, en Israël, le 13 janvier 2024. © Leo Correa, AP

Fondée en 2015, l'organisation pacifiste israélo-palestinienne Standing Together compte 5 300 membres. Elle s'oppose à la colonisation dans les Territoires palestiniens et milite pour l'égalité entre les deux populations. Depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023, ses militants ont joué un rôle de premier plan dans l'opposition à la guerre à Gaza en multipliant les manifestations et les sit-in, ou encore en s'opposant aux blocages des camions d’aide humanitaire à destination de l'enclave palestinienne.

  • Mohammed ben Abderrahmane al-Thani

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Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar salue le secrétaire d'État américain Marco Rubio à Doha, au Qatar, le 16 septembre 2025. © Nathan Howard, AP

C'est un choix qui pourrait susciter la polémique en raison du rôle géopolitique ambigu du Qatar et de la situation des droits humains dans le pays. Pourtant, cheikh Mohammed ben Abderrahmane al-Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de l'émirat, a joué un rôle crucial dans la médiation du cessez-le-feu conclu entre le Hamas et Israël en janvier. Le Qatar a également facilité des pourparlers entre les États-Unis et les Taliban. Ces dernières années, il s'est imposé comme un médiateur incontournable dans divers conflits, au Liban, au Soudan ou encore au Yémen. L’attribution du prix Nobel de la paix permettrait de souligner l'importance des acteurs régionaux dans les efforts de paix.

  • L'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan)

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Le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, lors d'une conférence de presse au siège de l'Alliance atlantique à Bruxelles, le 23 septembre 2025. © Virginia Mayo, AP

L'hypothèse de la remise du prix Nobel à l'Otan n'est pas la plus probable. En outre, cette décision viendrait renforcer l'idée d'une institution dominée par une vision occidentale du monde. Un reproche pris en compte ces dernières années avec une ouverture plus franche à des lauréats du Sud. Cependant, la montée des tensions entre la Russie et les pays de l'Alliance observée depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine pourrait être l'occasion d'envoyer un message de paix à l'Otan dans un contexte d'explosion des dépenses en matière de défense.