
La présidente du Pérou, Dina Boluarte, s'adresse lors de l'Assemblée générale des Nations unies, le23 septembre 2025, au siège de l'ONU. © Yuki Iwamura, AP
Nouveau tournant dans la crise politique au Pérou. La présidente péruvienne Dina Boluarte a été destituée dans la nuit de jeudi 9 au vendredi 10 octobre par un vote majoritaire du Parlement, à la suite de plusieurs motions en ce sens déposées au cours de la journée par les principales forces politiques de l'assemblée.
"La destitution de la présidente a été approuvée", a annoncé le président du Parlement, José Jerí, à l'issue d'une courte session à laquelle Dina Boluarte ne s'est pas présentée, bien qu'elle ait été convoquée.
Le président du Parlement devrait assumer le pouvoir par intérim jusqu'aux élections générales d'avril 2026. Plusieurs personnes ont célébré face au Parlement la décision, agitant des drapeaux péruviens et brandissant des pancartes hostiles à la présidente de 63 ans.
Les parlementaires ont notamment invoqué l'incapacité du gouvernement à endiguer la criminalité. Le vote est survenu au lendemain d'une fusillade lors d'un concert dans la capitale qui a attisé la colère suscitée par la criminalité sévissant dans ce pays d'Amérique du Sud.
Les autorités n'ont pas encore déterminé si l'attaque était liée au fléau de l'extorsion. Cependant, le président de l'Association des artistes et entrepreneurs du Pérou, Walter Dolorier, a assuré que les musiciens avaient reçu des "menaces" de la part de groupes criminels.
Colère contre la criminalité croissante
Dina Boluarte a pris ses fonctions en décembre 2022 après que le Parlement a utilisé le même mécanisme pour destituer son prédécesseur.
Le gouvernement de Boluarte a eu du mal à répondre à la recrudescence de la criminalité, en particulier des homicides et des extorsions. Mercredi, elle a partiellement imputé la responsabilité de cette situation aux immigrants vivant illégalement dans le pays.
Les chiffres officiels montrent que 6 041 personnes ont été tuées entre janvier et mi-août, soit le nombre le plus élevé pour la même période depuis 2017. Parallèlement, les plaintes pour extorsion ont atteint un total de 15 989 entre janvier et juillet, soit une augmentation de 28 % par rapport à la même période en 2024.
"Rolexgate" et rhinoplastie secrète
Dina Boluarte avait déjà fait l'objet de plusieurs tentatives de destitution, sans qu'aucune n'aboutisse jusqu'à présent. Cette fois-ci, la procédure a été approuvée, les partis de droite et d'extrême droite qui la soutenaient jusqu'à présent l'ayant lâchée.
Destituée, elle perd de fait son immunité et se retrouve désormais exposée à d'éventuels procès susceptibles de la conduire en prison.
Son mandat a été entaché par plusieurs affaires, dont le scandale du "Rolexgate", portant sur des montres et bijoux de luxe qu'elle n'aurait pas déclarés, et une rhinoplastie pratiquée en juillet 2023, gardée secrète alors que la loi l'obligeait à en informer le Parlement.
Avec AFP et AP