
Javier Milei et Donald Trump à l'Assemblée générale des Nations unies, le 23 septembre 2025 à New York. © Evan Vucci, AP
Le gouvernement américain a annoncé jeudi 9 octobre avoir acheté des pesos argentins et "finalisé" un accord pour un échange de devises avec la banque centrale du pays sud-américain, pour soutenir la monnaie et le président Javier Milei, allié de Donald Trump.
"Aujourd'hui, nous avons acheté directement des pesos argentins. De plus, nous avons finalisé un accord d'échange de devises d'un montant de 20 milliards de dollars avec la Banque centrale argentine", a fait savoir le ministre américain des Finances Scott Bessent, sur X. Selon lui, le gouvernement est "déterminé à soutenir les alliés des États-Unis", parmi lesquels figure le président ultralibéral Javier Milei.
Ce dernier n'a pas tardé à remercier, également sur X, Scott Bessent et Donald Trump, dont il a loué la "vision et (le) leadership". "Ensemble, en tant qu'alliés les plus proches, nous créerons un hémisphère de liberté économique et de prospérité", a-t-il affirmé.
L'annonce conclut quatre jours de réunions à Washington, que Scott Bessent a qualifiées d'"intenses", avec des responsables argentins, dont son homologue Luis Caputo.
Rencontre Trump-Milei prévue mardi à Washington
Une rencontre entre Donald Trump et Javier Milei est prévue mardi dans la capitale fédérale.
En début de soirée, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a félicité Scott Bessent pour cette "grande nouvelle concernant (sa) puissante action en faveur de l'Argentine". "Le FMI est totalement en harmonie avec le soutien au solide programme économique (de l'Argentine), axé sur une discipline budgétaire et sur un régime de changes robuste pour faciliter la constitution de réserves", a-t-elle relevé sur X.
L'annonce américaine intervient à un moment critique pour l'Argentine, à moins de trois semaines d'élections législatives de mi-mandat qui vont largement déterminer la capacité à gouverner le pays pendant les deux années de présidence à venir.
Depuis que le parti de Milei a essuyé un revers électoral sévère début septembre lors d'un scrutin régional, les marchés financiers sont nerveux et la monnaie sous pression. Tout cela dans un contexte d'inquiétude chronique sur les réserves de devises étrangères de la Banque centrale argentine.
Le président argentin a par ailleurs récemment perdu des bras de fer avec le Parlement.
Pour les investisseurs, est en jeu sa capacité à maintenir son cap d'austérité, qui a permis de canaliser une inflation hors de contrôle (passée de plus de 200 % en interannuel à fin 2023 à 33 % actuellement) mais au prix d'un fort coût social et d'une économie au ralenti.
Dans son message jeudi, Scott Bessent souligne que "l'Argentine traverse une grave crise de liquidité" mais estime que ses "fondamentaux économiques sont solides" et lui permettront d'exporter davantage, d'engranger des dollars et d'augmenter les réserves de devises. Il n'a pas précisé le montant des pesos qui ont été achetés jeudi.
La devise argentine avait commencé la journée sous forte pression, s'échangeant à 1 490 pesos pour un dollar aux premières transactions à Buenos Aires, soit une dépréciation de 2,4 % par rapport à la veille. Elle a clôturé ragaillardie après les annonces du Trésor américain, à 1 450 pesos pour un billet vert, contre 1 455 mercredi soir.
"Travail fantastique"
Donald Trump s'était engagé le 23 septembre à "aider" l'Argentine, tout en estimant que le pays n'avait "pas besoin d'un plan de sauvetage" et en saluant le "travail fantastique" de Javier Milei.
Aux États-Unis, les marques de soutien appuyé à Buenos Aires ont agacé dans le milieu agricole, en particulier les cultivateurs de soja. La Chine n'achète plus la production américaine depuis plusieurs mois, sur fond de conflit commercial avec Washington, et se tourne toujours plus vers l'Amérique du Sud pour nourrir son bétail. Une situation dont profitent notamment les agriculteurs argentins.
Des opposants au président Trump jugent par ailleurs l'aide à l'Argentine malvenue en pleine paralysie budgétaire aux États-Unis, c'est-à-dire à un moment où les fonctionnaires craignent de ne pas recevoir leur prochain salaire.
Avec AFP