
Des Palestiniens déplacés rassemblés sur la route côtière près de Wadi Gaza, dans le centre de la bande de Gaza, le 9 octobre 2025. © Abdel Kareem Hana, AP
"Toutes les parties", à savoir Israël et le Hamas, ont signé, jeudi 9 octobre, la première phase d'un accord sur un cessez-le-feu à Gaza et une libération d'otages après de fortes pressions du président américain Donald Trump pour mettre fin à deux ans de guerre dévastatrice dans le territoire palestinien.
La libération des captifs "devrait mettre fin à la guerre", a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, affirmant avoir "reçu des assurances de la part des frères médiateurs et de l'administration américaine, confirmant toutes que la guerre est complètement terminée".
Selon Shosh Bedrosian, une porte-parole du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, "la version finale de la première phase a été signée ce matin en Égypte par toutes les parties en vue de la libération de tous les otages" retenus à Gaza.
"Tous nos otages, vivants et décédés, seront libérés (au plus tard) 72 h (après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu), ce qui nous amène à lundi", a précisé à l'AFP Shosh Bedrosian.
"Les otages rentreront lundi ou mardi"
Donald Trump, qui a annoncé l'accord conclu sur la base d'un plan qu'il a présenté fin septembre, a toutefois reconnu que les corps de certains otages seraient "un peu difficiles à trouver".
Pour entrer en vigueur, l'accord doit encore être validé par le cabinet de sécurité israélien, avant une réunion du gouvernement au complet. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure et d'extrême droite, Itamar Ben Gvir, a déclaré qu'il voterait contre.
Dans les 24 heures suivant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, l'armée israélienne se retirera de zones où elle est déployée, mais gardera le contrôle de 53 % du territoire de la bande de Gaza, selon la porte-parole.
La signature intervient après quatre jours de négociations indirectes en Égypte ayant impliqué plusieurs acteurs internationaux dont les États-Unis.
Le président Trump a dit qu'il prévoyait de partir dimanche pour le Moyen-Orient. "Les otages rentreront lundi ou mardi. Je serai probablement là. J'espère être là. Nous prévoyons de partir dimanche, et j'ai hâte d'y être", a-t-il dit.
À Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, dévastée et affamée, des Palestiniens ont applaudi, chanté et dansé à l'annonce de l'accord, salué par plusieurs pays dont l'Iran, soutien du Hamas et ennemi juré d'Israël. "Dieu merci ! Malgré tous les morts et la perte d'êtres chers, nous sommes heureux aujourd'hui", a dit Ayman al-Najjar à Khan Younès.
Israël appelé à "la désescalade ou à cesser le feu" à Gaza
Sur la "place des Otages" à Tel-Aviv, des centaines de personnes se sont rassemblées, beaucoup arborant un autocollant avec l'inscription "Ils reviennent", d'autres s'embrassant et se félicitant. "Nous attendons ce jour depuis 734 jours", a dit Laurence Yitzhak, 54 ans.
Sur les 251 personnes enlevées et emmenées à Gaza lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, 47 y sont toujours retenues, dont au moins 25 sont mortes selon l'armée.
L'offensive de représailles israélienne a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire dans la bande de Gaza. Jeudi soir, des journalistes de l'AFP et des témoins ont dit entendre encore des explosions et des tirs d'artillerie dans le centre et le sud du territoire palestinien.
Le président égyptien Sissi a appelé Israël à "la désescalade ou à cesser le feu" jusqu'à la signature de l'accord pour ne pas compromettre son "esprit".
Selon un responsable palestinien, les otages vivants seront libérés contre près de 2 000 prisonniers palestiniens détenus par Israël, "simultanément à des retraits israéliens spécifiques (de Gaza) et une entrée de (davantage) d'aides humanitaires". Il n'a pas mentionné les captifs morts.
L'armée israélienne a par ailleurs annoncé se préparer à repositionner ses troupes dans la bande de Gaza.
Le Premier ministre israélien a remercié Donald Trump "pour ses efforts de leadership mondial ayant permis de rendre tout cela possible". Il a jugé, tout comme le président égyptien, que le président américain "mérite" le prix Nobel de la paix.
"Désarmement" et "retrait" de troupes au menu de la prochaine étape
Les négociations pour la deuxième phase du plan Trump devaient commencer "immédiatement" après la signature de l'accord sur la première phase, avait annoncé un responsable du Hamas.
Le plan Trump prévoit un cessez-le-feu, un échange dans les 72 h des otages contre des prisonniers palestiniens, le retrait par étapes de l'armée israélienne de Gaza et le désarmement du Hamas.
Le président américain a dit jeudi qu'il y aurait "un désarmement" et un "retrait" de troupes dans une prochaine phase, précisant que la priorité était le retour des otages.
L'accord prévoit aussi la création d'un "comité de la paix" présidé par Donald Trump lui-même pour superviser le gouvernement de transition à Gaza.
Interrogé par la chaîne Al Araby sur le comité, Osama Hamdan, un haut responsable du Hamas, a déclaré : "Aucun Palestinien ne pourrait accepter. Toutes les factions, y compris l'Autorité palestinienne, rejettent ceci (ce comité, NDLR)".
Deux précédentes trêves en novembre 2023 et début 2025 avaient permis le retour d'otages ou de corps de captifs en échange de prisonniers palestiniens, avant de s'effondrer.
Avec AFP