logo

Budget : après la Sécu, Lecornu mise sur un consensus des députés sur les enjeux de défense
Au lendemain de l'adoption du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, le Premier ministre Sébastien Lecornu ouvre mercredi un débat clé à l’Assemblée sur le budget de l’État et les enjeux de défense. Le Premier ministre mise sur une série de votes thématiques inédits pour tenter de rassembler une majorité sans recourir au 49.3.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu à l'Assemblée nationale le 9 décembre 2025. © Alain Jocard, AFP

Le marathon budgétaire n'est pas terminé pour Sébastien Lecornu, qui, fort de l'adoption du budget de la Sécurité sociale, s'attelle, à partir de mercredi 10 décembre, au tout aussi clivant budget de l'État, avec un débat à l'Assemblée nationale sur les enjeux de défense. Un débat que le Premier ministre espère consensuel.

Pour tenter de dégager une majorité, et alors qu'il a renoncé au 49.3, le Premier ministre a proposé d'organiser au Parlement plusieurs débats, suivis d'un vote, sur cinq thèmes --défense, narcotrafic, agriculture, énergie, déficit-- susceptibles de faire converger les députés. Une démarche inédite qui se fait en marge de l'examen en soi du budget, qui se trouve actuellement au Sénat.

Les formations politiques diront à partir de 15 h 00 "si oui ou non elles souhaitent s'engager vers un renforcement de nos armées", comme prévu dans ce budget, a expliqué le chef du gouvernement à l'issue d'une réunion préparatoire.

Il s'agit par ce vote prévu à 19 h 30 de "tirer un consensus" et "créer un cadre de compromis pour l'avenir", souligne-t-il.

Mais une majorité sur le budget de l'État sera difficile à trouver, le Parti socialiste ayant obtenu très peu de concessions gouvernementales à ce stade.

"Je ne dis pas que nous n'arriverons à rien, je dis simplement que pour l'instant, l'évidence c'est que nous n'y arriverons pas dans les délais qui nous sont fixés", a résumé mardi soir le patron du PS Olivier Faure.

"Cranter des votes"

"Les enjeux sont considérables", souligne le Premier ministre, compte tenu des "risques (qui) se cumulent, les risques terroristes, les risques sur l'ensemble du continent européen" et dans la zone indo-pacifique, ainsi que la "pression terroriste qui continue de monter" au Sahel, et une diplomatie américaine qui crée des "incertitudes stratégiques".

L'augmentation des moyens pour les armées "est absolument considérable" avec 6,7 milliards d'euros supplémentaires prévus pour l'an prochain, et "s'il n'y a pas de budget, la défense, les armées, notre sécurité collective, les industries de défense (en) seraient les premières victimes", prévient-il.

Budget : après la Sécu, Lecornu mise sur un consensus des députés sur les enjeux de défense
La ministre de la Défense Catherine Vautrin et le Premier ministre Sébastien Lecornu, le 1er décembre 2025 à Paris © JULIEN DE ROSA / POOL/AFP/Archives

Ce budget permet "des acquisitions de matériel notamment de munitions pour que nos armées puissent s'entraîner" comme des achats de Rafale ou d'A400M, a détaillé la ministre des Armées Catherine Vautrin.

Ce débat permettra aux groupes politiques de se positionner sur les dépenses militaires, un volet qui n'avait pas pu être examiné par les députés après le rejet du volet "recettes" du budget de l'État en première lecture.

Le gouvernement espère sur cette question recueillir l'assentiment des députés, qui donnerait un élan positif à l'examen du texte dans son ensemble.

Divergences stratégiques

Lors d'un débat sans vote sur l'Ukraine en mars dernier, les groupes politiques s'étaient montrés unis dans leur soutien à Kiev, mais avaient exposé des divergences stratégiques sur la défense française et européenne, ou l'intégration de l'Ukraine dans l'UE et l'Otan.

Les récents propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, qui a prévenu que la France devait être prête à "accepter de perdre ses enfants", ont hérissé LFI et le RN, ranimant ces désaccords.

Budget : après la Sécu, Lecornu mise sur un consensus des députés sur les enjeux de défense
Des militaires marchent en formation sur la base aérienne 115 à Orange (Vaucluse), le 5 décembre 2025 © CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Tout comme l'annonce par Emmanuel Macron d'un futur service militaire "volontaire", même si le président a pris soin de préciser qu'il ne s'agissait pas d'envoyer les postulants en Ukraine.

Ce débat, en application de l'article 50-1 de la Constitution, prend la forme d'une déclaration du gouvernement, avant des interventions de chacun des groupes parlementaires, et une réponse du gouvernement à leurs interpellations. Il n'a aucune valeur législative mais peut donner lieu à un vote qui n'engage pas la responsabilité du gouvernement.

Avec AFP