Le secrétaire du Parti démocrate (PD), Pier Luigi Bersani, est arrivé en tête des élections primaires qui désigneront le candidat de centre-gauche lors de la prochaine élection nationale italienne, selon des résultats partiels.
Les primaires de la gauche italienne, qui ont attiré dimanche plus de 3 millions d'Italiens, démontrent en dépit d'un climat hostile la vitalité de la scène politique transalpine, marquée notamment par le score important de l'outsider Matteo Renzi.
Le chef du Parti démocrate (PD), Pier Luigi Bersani, est comme prévu arrivé en tête avec 44,9% des voix, suivi du jeune maire de Florence, Matteo Renzi, étoile montante du PD, avec 35,5%, selon des résultats partiels annoncés lundi.
"Dans un moment de crise de la politique et de triomphe de l'abstention, on a assisté à un exemple de démocratie dans un climat plutôt hostile", se réjouit dans un entretien avec l'AFP Mario Centorrino, professeur de Sciences politiques à l'université de Messine (Sicile).
Quelque 3,1 millions d'Italiens ont participé au scrutin, ouvert à tous les sympathisants du centre gauche de plus de 18 ans, qui devaient signer simplement un manifeste "progressiste" et verser 2 euros pour pouvoir voter.
"Même si Bersani gagne au 2ème tour (prévu dimanche), on ne peut pas effacer l'expérience de Renzi: une partie de la gauche s'est renouvelée à travers une sorte de révolution culturelle", estime l'universitaire, pour qui l'électorat "a apprécié cette offre politique renouvelée".
Le contraste est de fait saisissant entre M. Bersani, 61 ans, un homme d'appareil qui a été deux fois ministre, et M. Renzi, 37 ans, inconnu jusqu'à il y a peu de temps, et qui s'est donné pour mission de "mettre à la casse" la classe dirigeante ex-communiste du PD.
"Renzi a remporté un succès important (...) Je ne pense pas qu'on aurait eu autant de participants sans Renzi, qui a animé ces primaires. Il a représenté une nouveauté et fait que ces primaires ne sont pas apparues comme jouées d'avance", souligne Giacomo Marramao, professeur de Philosophie politique à l'université de Rome.
Cinq candidats issus du PD et d'autres petites formations de gauche étaient en lice pour ces primaires devant désigner le candidat Premier ministre de la gauche pour les législatives du printemps 2013.
En troisième position, on trouve le président de la région des Pouilles (sud), Nichi Vendola, 54 ans, catholique et homosexuel déclaré, considéré comme le plus à gauche et opposant farouche de la politique du gouvernement de Mario Monti.
"Vendola a lui aussi obtenu une reconnaissance, alors qu'il est le leader d'une formation politique qui n'est pas représentée au parlement", (SEL, Gauche Ecologie et Liberté), note M. Marramao.
Mais pour Franco Debenedetti, éditorialiste pour le quotidien économique Il Sole 24 Ore, "la performance incroyable de Renzi représente la seule nouveauté politique en Italie de ces derniers temps".
"En quelques mois, sans l'appui de l'appareil d'un parti, quelqu'un est parvenu à émerger et à bousculer les hierarchies sclérosées du parti. Il a apporté de la vitalité à la scène politique", observe-t-il. "C'est un signal positif!"
Sans compter le risque que représente pour la droite l'émergence à gauche d'un candidat au profil plus centriste: "Ce qui est important, c'est le potentiel de M. Renzi, qui pourrait en profiter pour devenir un pôle d'attraction pour les électeurs qui avaient cru en Silvio Berlusconi et en sont amèrement déçus", observe M. Debenedetti.
Les primaires à gauche avaient été expérimentées pour la première fois en octobre 2005 quand l'ex-président de la Commission européenne Romano Prodi avait été élu leader de l'alliance instable entre ex-communistes, écologistes et centristes.
Mais dimanche se sont déroulées "les premières vraies primaires du centre gauche car les précédentes avaient été +pilotées+ et devaient consacrer un leader déjà désigné, et non le choisir", a estimé Massimo Franco, éditorialiste au Corriere della Sera.
AFP