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Mariage homosexuel : les "maires frondeurs" organisent la résistance

Trois semaines avant la présentation du projet de loi en Conseil des ministres, de nombreux maires opposés au mariage homosexuel se mobilisent pour interpeller le gouvernement.

Le mouvement des "maires frondeurs" prend de l’ampleur : issus principalement de la droite, ils sont de plus en plus nombreux à prévenir dès maintenant qu’ils refuseront de célébrer des mariages de couples homosexuels, si la loi venait à être votée. Au nombre des promesses de campagne de François Hollande, le projet de loi autorisant le mariage entre couples de même sexe doit être présenté en Conseil des ministres le 31 octobre. Invoquant le fait qu'ils seront directement concernés par l'application de la loi, les maires opposés au mariage homosexuel réclament en majorité l’ajout d’une "clause de conscience" au texte.

Fronde

Chacun y va ainsi de son propre coup d’éclat. À l’instar de François Lebel, le maire UMP du VIIIe arrondissement de Paris, qui a établi début octobre un lien entre mariage homosexuel et polygamie. Ou de Bernard Mantienne, le maire divers-droite de Verrières-le-Buisson, qui publiait il y a quelques jours un texte polémique dans le magazine municipal de sa commune, qualifiant le projet de loi du gouvernement de "faute qui ouvrirait la voie à toutes sortes de dérives" et risquerait de provoquer un "choc sociétal".

Plusieurs initiatives collectives ont également été lancées. Ainsi, le Collectif des maires pour l’enfance, créé en 2005, a annoncé mercredi dans un communiqué avoir écrit aux "155 000 maires et adjoints aux maires pour les inviter à signer l'appel des maires pour l'enfance".

"Nous leur demandons (...) s'ils sont pour ou contre le mariage homosexuel, et s'ils sont demandeurs d'une clause de conscience qui leur permette de ne pas célébrer ces mariages", a expliqué à l'AFP l'un des porte-parole du collectif, le député-maire UMP de la Manche Philippe Gosselin.

"Crime contre l’humanité"

Une pétition a par ailleurs été lancée par le député-maire d'Orange, Jacques Bompard, du parti d’extrême droite Ligue du Sud. Elle demande l'abandon de la loi et, à défaut, l'inscription d'un "droit de retrait" autorisant les élus à ne pas célébrer ces mariages. Elle avait été signée mercredi en début d'après-midi par 1 248 édiles.

"Je respecte les sentiments des adultes, mais le mariage n’a rien à voir là-dedans", explique l'ancien frontiste dans un entretien téléphonique avec FRANCE 24. "On se marie pour fonder une famille, et ce serait un mépris abyssal au droit de l’enfant de le priver d’un père et d’une mère", soutient-il. S’agissant du projet de loi, l’élu ne mâche pas ses mots. "Il s’agit d’un projet de loi anti-naturelle. S'il est voté, ce serait une faute, un crime contre l’humanité", va-t-il jusqu’à affirmer.

Cette gêne de certains maires est partagée par certains élus de gauche. "Les maires sont les premiers impliqués et nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement ne nous consulte pas alors qu'il a fait de la concertation l'un de ses engagements de campagne les plus forts", déplore ainsi le maire divers gauche de Grand-Camp (Seine-Maritime), Daniel Delaune, cité dans le communiqué du Collectif des maires pour l'enfance.

Le gouvernement réagit

Face à cette mobilisation, le gouvernement s’est décidé à sortir du silence. Restant ferme sur la volonté de la majorité de mener le projet à terme, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s'est dit convaincu que les maires seront "soucieux d'appliquer la loi".

De leurs côtés plusieurs députés favorables au mariage pour tous ont tenu à afficher leur soutien au projet de loi. Dans un communiqué cité par l’AFP, Luc Carvounas, député-maire PS d’Alfortville, écrit ainsi : "Je tiens à rassurer nos compatriotes qui attendent la loi sur le mariage pour les couples de même sexe : ils trouveront toujours un élu de la République pour unir deux personnes qui s'aiment".