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Le handball français, du sacre olympique au banc des accusés

Après l'interpellation de 18 personnes dans le cadre de paris sportifs présumés truqués, l'image du handball français est gravement ternie. L'icône de ce sport, le double champion du monde et olympique Nikola Karabatic, a été placé en garde à vue.

Star mondiale du handball, le Français Nikola Karabatic a été placé en garde à vue dimanche 30 septembre. Double champion du monde et olympique en titre, le joueur de Montpellier est l’enfant chéri du handball français. Sportif adulé, chouchou des sponsors et des médias, l’international de 28 ans voit aujourd’hui son image sérieusement entachée. Il a été interpellé, ainsi que seize autres personnes dont son frère Luka, dans le cadre de l’affaire de paris présumés truqués lors du match entre Montpellier et Cesson-Sévigné qui s'est joué le 12 mai dernier.

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Karabatic et 16 personnes sont entendus par la police
Le handball français, du sacre olympique au banc des accusés

L'avocat des deux frères Karabatic, Eric Dupont-Moretti, a reconnu qu'ils "ont parié", mais "qu'ils n'ont pas laissé filer le match, n'ont pas triché". "Ils ont parié, c'est une infraction sportive, pas une infraction pénale [...]. Pour que la justice puisse intervenir dans cette affaire, on a besoin d'un match truqué. Faute de quoi sur le plan pénal, il n'y a rien", a expliqué l'avocat.

Les joueurs de Montpellier auraient misé de l'argent sur le résultat de leur club lors de la rencontre perdue contre Cesson-Sévigné. Un montant anormal de paris a été enregistré sur ce match.

Une histoire "de pieds nickelés et de sales gosses"

Cette affaire de paris illicites secoue le milieu du handball, souvent présenté en France comme plus fair play et propre que d’autres sports comme le football. Les instances dirigeantes craignent que l'actuel déferlement médiatique entache durablement leur sport. L’image du handball avait déjà été écornée cet été suite au saccage d’un plateau télévisé par l’équipe de France peu après sa victoire aux Jeux de Londres.

"C'est une épreuve, une épreuve pour tout le monde, les joueurs, le club de Montpellier, la Fédération et le hand en général. C'est une affaire très sérieuse qu'il faut traiter de manière très sérieuse. On pouvait penser le hand à l'abri d'une affaire comme ça. La preuve que non. Je le déplore. Il est indispensable que cette enquête soit menée de manière la plus rapide et efficace possible pour qu'on connaisse enfin la vérité", a ainsi déclaré à l’AFP Joël Delplanque, président de la Fédération de handball.

Patrick Vignal, député socialiste et adjoint au maire de Montpellier, ne cache pas sa stupéfaction. Pour lui, il s’agit "d’une histoire de pieds nickelés et de sales gosses". "Cela me gène profondément car leur carrière risque d’être entachée et finie, si cela est avéré, et ils font beaucoup de mal aux 800 minots du club, aux supporters de Montpellier et à tout l’encadrement qui depuis des années misent sur eux", a-t-il ajouté au micro de France Info.

"De bons garçons qui ont peut-être fait une bêtise"

Les proches des joueurs interpellés ont aussi pris leur défense. Jerôme Fernandez, capitaine de l'équipe de France, a expliqué sur BFM TV qu’il s’agissait de "de bons garçons, ils ont peut-être fait une bêtise. Mais la bêtise n'est pas avérée, j'attends de voir ça".

Daniel Costantini, l’ancien sélectionneur de la sélection française, a lui aussi vanté les qualités de ces joueurs, tout en leur reconnaissant certaines faiblesses. "Je connais bien la famille Karabatic, des garçons bien sous tous rapports, qui ont montré sur tous les terrains leur engagement et leur sens de l’éthique. Mais dans certaines conditions, ils ne semblent pas capables de respecter certaines limites [allusion au saccage du plateau de l’Equipe TV, ndlr]. Et là, ce qui pourrait sembler quand on en parle entre nous être une blague de potache à l’air de tourner à la farce excessivement désagréable", a commenté Daniel Costantini sur RMC.

De son côté, la ministre des Sports, Valérie Fourneyron, souhaite que l'enquête aille "jusqu’au bout" et réitère son appel à "revoir l’ensemble du texte de loi" sur les paris sportifs. "Même si c’est extrêmement triste pour le handball et pour l’ensemble du club et du sport, ce n’est pas remettre en cause tout le travail que fait le handball dans notre pays", a insisté la ministre.

Les gardes à vue des joueurs pourraient être prolongées. À l’issue de leur audition, ils pourront être relâchés sans poursuite ou éventuellement être présentés à un juge pour une mise en examen.

Le club de Montpellier doit jouer mercredi 3 octobre un match comptant pour le championnat de France à Toulouse.

Tags: Handball, France,