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Alors que la longue marche des avocats pour réclamer une justice indépendante se poursuit à Lahore, le gouvernement pakistanais a accordé des concessions à l'opposition. Le pays traverse un crise politique des plus graves.

AFP - La présidence pakistanaise a annoncé samedi une série de décisions politiques répondant aux principales revendications de l'opposition, pour tenter de trouver une solution à la plus grave crise que connaît le gouvernement depuis la chute du régime militaire il y a un an.

Le gouvernement va faire appel d'une décision de la Cour suprême en date du 25 février qui interdit au principal dirigeant de l'opposition, Nawaz Sharif, et à son frère Shahbaz de se présenter à des élections et de participer à des réunions publiques, indique un communiqué de la présidence.

Le président Asif Ali Zardari et son Premier ministre Yousuf Raza Gilani ont également convenu que la querelle sur la réintégration de juges destitués en 2007 "sera résolue en accord avec les principes posées dans la charte de démocratie", précise le communiqué.

Signé --avant le renvoi des juges-- par M. Sharif et l'épouse du président Zardari, Benazir Bhutto, ex-Premier ministre et leader de l'opposition tuée en 2006 dans un attentat, ce document s'engageait à restaurer la démocratie et à écarter les militaires de la vie politique.

Ces décisions ont été prises samedi au cours d'une réunion entre le président Zardari et son Premier ministre, ajoute le texte.

Le gouvernement pakistanais est actuellement confronté à une grave crise née d'un mouvement de contestation des avocats qui réclament le retour dans leurs fonctions de ces juges destitués en 2007 par le régime militaire de Pervez Musharraf.

Les avocats, à l'origine du mouvement, ont été rejoints par l'opposition politique, menée par l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, chef de la Ligue Musulmane du Pakistan (PML-N), furieux du verdict de la Cour suprême qui l'a exclu le 25 février de la vie publique.

Avocats et militants pro-Sharif ont appelé leurs partisans à converger vers Islamabad, la capitale, lundi, défiant l'interdiction de manifester décrétée par le gouvernement et les centaines d'arrestations effectuées cette semaine à travers le pays.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole du président Zardari a refusé de donner d'autre précision, notamment sur la date de l'appel contre l'arrêt de la Cour suprême.

Un porte-parole de M. Sharif, Ahsan Iqbal, s'est félicité de cette annonce. "Nous verrons ce qui va se passer, comment les juges retrouveront leur fonction (...), cela n'est pas encore clair", a-t-il cependant commenté.

L'un des principaux leaders des avocats, Munir Malik, a rejeté ces concessions. "S'ils ne tiennent pas leurs engagements écrits, comment pouvons nous y croire? Notre lutte se poursuivra jusqu'à la restauration du système judiciaire et la marche ne sera pas arrêtée", a assuré M. Malik.

Le président Zardari est contesté de toutes parts six mois après son élection en particulier pour ne pas avoir respecté sa promesse de rétablir les juges à leur poste.

M. Zardari a tenu depuis vendredi des consultations avec son Premier ministre, en désaccord ouvert avec certaines décisions prises par le chef de l'Etat dans la gestion de cette crise, et avec le chef d'état-major de la puissante armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani.