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Le gouvernement au chevet de Marseille, rongée par la criminalité

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault réunit ce jeudi un comité interministériel chargé de plancher sur la lutte contre la criminalité et l'économie souterraine qui sévissent dans certains quartiers de Marseille.

AFP - Jean-Marc Ayrault réunit jeudi plusieurs ministres avec l'intention de bâtir un plan global d'action contre la criminalité et l'économie souterraine qui gangrènent certains quartiers de l'agglomération marseillaise, gravement touchés par les violences.

Une réunion débutera à 17H00 à Matignon avec Manuel Valls (Intérieur), Christiane Taubira (Justice), François Lamy (Ville), Arnaud Montebourg (Redressement productif) ou encore la Marseillaise Marie-Arlette Carlotti (Lutte contre l'exclusion) et Vincent Peillon (Education). Le chef du gouvernement fera une déclaration à l'issue de ce comité.

Le comité sur Marseille et ses thèmes

Restaurer l'autorité de l'Etat, améliorer les transports, renforcer la police judiciaire, créer une métropole: le député (PS) Patrick Mennucci a levé le voile, jeudi matin sur France Inter, sur les propositions qui pourraient sortir du comité interministériel sur Marseille.

"C'est une ville qui est en train de se déliter. Il faut d'abord un retour à l'autorité de l'Etat", a déclaré M. Mennucci.

Pur lutter contre le trafic de drogue, "il faut que des gens qui roulent dans des voitures à 100.000 euros et qui touchent le RSA, on puisse les arrêter et leur demander pourquoi. Il faut lutter contre l'enrichissement sans cause", a-t-il dit, appelant aussi à "pénaliser les clients". "Il n'y a pas de raison non plus que ceux qui viennent les vendredis et samedis dans ces cités comme dans un supermarché chercher leur drogue du week-end, souvent de la drogue festive, puissent le faire avec une bonne conscience", a ajouté l'élu. (source AFP)

La réunion se tient alors qu'un vingtième règlement de comptes depuis le début de l'année a été enregistré à Marseille, souvent dans le cadre de trafics de drogue (lundi, le cadavre carbonisé d'un homme tué par balles a été retrouvé à Septèmes-les-Vallons, à la limite nord de la ville).

Restaurer l'autorité de l'Etat, améliorer les transports, renforcer la police judiciaire, créer une métropole: le député PS de Marseille, Patrick Mennucci, a dévoilé jeudi matin quelques pistes que pourrait suivre ce comité interministériel.

Il a également plaidé pour une sévérité accrue contre les clients des trafiquants, le "développement économique de la ville", et des effectifs supplémentaires pour la police judiciaire.

Critiqué jusque dans son camp pour sa discrétion en août, le Premier ministre est bien décidé à ne pas rester "inactif" sur ce dossier, proclamant que "l'autorité de l'Etat doit être respectée partout".

Cette économie souterraine, "il faut la combattre sur tous les fronts, politique, judiciaire mais aussi économique !", prévient-il.

"Marseille est une ville en très grande perdition, qui a besoin d'une réponse exceptionnelle de l'Etat et c'est ce qui va être fait avec la réunion de jeudi", a fait valoir dimanche Manuel Valls.

Vif échange Valls-Gaudin

Parmi les pistes de réflexion, François Lamy a notamment évoqué le renforcement des dispositifs de rénovation urbaine dans la cité phocéenne.

L'adjointe à la sécurité au maire de Marseille, Caroline Pozmentier (UMP), a aussi demandé "un renforcement des moyens humains et matériels de la police" pour "restaurer l'autorité de l'Etat", "une réponse judiciaire plus ferme et une politique pénitentiaire adaptée aux nouvelles formes de délinquance, notamment des mineurs".

L'envoi de militaires, réclamé par la sénatrice PS Samia Ghali, a été écarté. Mercredi soir, l'élue - qui a reconnu que sa demande était inadaptée - a estimé que la mise en place de nouveaux moyens de police ne "suffirait pas".

"Ces quartiers ont été abandonnés, Marseille est la ville la plus en retard de France, eh bien il faut rattraper ce retard", a-t-elle dit.

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La sénatrice PS Samia Ghali appelle l'armée à intervenir à Marseille
Le gouvernement au chevet de Marseille, rongée par la criminalité

L'ex-garde des Sceaux et maire UMP du VII arrondissement parisien Rachida Dati a rendu hommage au "cri d'alarme" lancé par la sénatrice PS, qui, selon elle, a "reçu pour seule réponse le mépris et le dédain de Manuel Valls" ministre de l'Intérieur.

"Au lieu de faire un comité interministériel à Matignon dont il ne sortira rien, il ferait mieux d'être avec elle sur le terrain", a estimé Mme Dati.

"La France a perdu la guerre contre la drogue" parce "qu'elle ne l'a jamais menée", a tempêté de son côté Marine Le Pen, dont le Front national fait des scores importants dans Marseille et sa région.

Ce comité intervient quelques jours après une polémique entre M. Valls et le maire (UMP) de Marseille, Jean-Claude Gaudin, qui accusait le gouvernement de réserver les zones de sécurité particulière (ZSP) aux municipalités socialistes.

Après un vif échange entre les deux hommes ce week-end, l'heure est semble-t-il à l'apaisement, Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls ayant appelé M. Gaudin en ce début de semaine pour connaître ses attentes.