!["Circulez, y’a rien a voir !" "Circulez, y’a rien a voir !"](/data/posts/2022/07/14/1657817927_Circulez-y-a-rien-a-voir.jpg)
Nouvelle escalade dans la flambée sécuritaire à la frontière du Tibet : l'équipe de FRANCE 24 s'est fait expulser de l'hôtel où elle avait posé ses valises. Visiblement, dans le Sichuan, les étrangers ne sont plus les bienvenus...
La police nous a interdit de vous recevoir dans notre établissement. Désolé vous devez partir”. C’est la réponse que nous a adressé ce matin un grand hôtel de Chengdu, la capitale du Sichuan. “La police exerce une énorme pression pour que vous partiez”, précise le responsable de l’hôtel.
Cette semaine à haut risque est marquée par de nouvelles mesures sécuritaires visant à faire déguerpir les journalistes de la région, une province à forte minorité tibétaine. Désormais, la plupart des hôtels semblent avoir reçu des consignes des autorités locales pour ne plus recevoir d’étrangers et notamment notre équipe.
Nous avons été contrôlés à plusieurs reprises depuis notre arrivée ici, et nous avons interdiction de filmer et d’interroger des Tibétains. La crainte de voir se reproduire les émeutes du 14 mars dernier à Lhassa et dans les provinces limitrophes chinoises motive cette poussée sécuritaire. Les policiers casqués et armés ceinturent toujours le quartier tibétain de Chengdu et les routes menant aux zones tibétaines sont barrées par l’armée.
Nous avons pu assister à des fouilles minutieuses de militaires chinois à la recherche d’explosifs aux entrées de Chengdu. D’ordinaire tranquille, cette ville de 10 millions d’habitants est désormais sous un étroit contrôle policier. “Notre chef de la sécurité a des réunions quotidiennes avec la police et on nous demande de transmettre systématiquement les identités de nos clients”, nous explique le directeur d’un grand hôtel de Chengdu qui appartient à un groupe international. “On m’a demandé de ne pas sortir le soir pour des raisons de sécurité. C’est la première fois que l’on vit une telle situation”, reprend ce patron expatrié.
A notre question concernant l’accueil des journalistes étrangers, il nous explique que la police lui a demandé de dénoncer ceux qui feraient des reportages sur la question tibétaine. “Si vous êtes là pour le tourisme, il n’y a pas de problème, s’amuse-t-il. Vous savez ici la police peut écouter votre téléphone, lire vos courriels ou vous faire suivre dans la rue”, conclut-il.
En Chine également, votre qualité de journaliste est indiquée sur votre passeport et votre identité est automatiquement transmise à la police lorsque vous prenez un avion ou vous dormez dans un hôtel. Il est quasiment impossible de passer à travers les mailles du filet. Pourtant, depuis les Jeux olympiques la Chine avait laissé une plus grande marge de manœuvre aux journalistes, nous permettant de nous rendre dans presque toutes les régions du pays – à l’exception notable du Tibet – sans demander d’autorisation préalable. Mais les règles semblent avoir changé et nous en faisons une nouvelle fois les frais.
Un diplomate étranger nous confie que les contrôles de sécurité pourraient durer jusqu’au mois de juin, c’est-à-dire après le premier anniversaire du tremblement de terre dans le Sichuan. Tibet, séisme, deux événements potentiellement dangereux pour les autorités chinoises qui, au même moment à Pékin, déclarent vouloir dresser une grande muraille contre le séparatisme et lutter pour la stabilité du pays.