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L’élection de Mohamed Morsi à la présidence égyptienne a propulsé sa femme, Naglaa Ali Mahmoud, sur le devant de la scène médiatique. La première dame, qui a peu en commun avec celles qui l’ont précédée, ne fait pas l’unanimité dans le pays.

À l’instar de Valérie Trierweiller, l’épouse du nouveau président égyptien Mohamed Morsi déteste être appelée "Première dame". Et, comme elle, Naglaa Ali Mahmoud ne porte pas le nom de son conjoint. Mais la comparaison entre la compagne du locataire de l’Élysée et "Oum Ahmed", autrement dit "la mère d’Ahmed", l’aîné des 5 enfants Morsi, s’arrête là. Née en 1962 et mariée à l’âge de 17 ans à son cousin Mohamed Morsi, cette musulmane conservatrice originaire d’un quartier populaire de Ain Shams, un quartier du nord-est du Caire, ne semblait pas destinée à devenir première dame. Mais la chute de Hosni Moubarak en février 2011, les aléas de l’arène politique égyptienne et les victoires électorales des Frères musulmans ont propulsé son époux à la tête de l’Égypte.

"La première servante du peuple"
Depuis la présidentielle, Naglaa Ali Mahmoud se retrouve sous le feu des projecteurs. "À l’instar de Mohamed Morsi, elle est d’une nature discrète et peu charismatique, note Sonia Dridi, correspondante de FRANCE 24 en Égypte. Le grand public a fini par la découvrir à travers ses quelques apparitions dans les meetings de son mari et en lisant les nombreux articles de la presse locale qui lui ont été consacrés". Une nature discrète qu’elle a dû momentanément mettre entre parenthèses pour répondre aux sollicitations médiatiques et satisfaire, au moins partiellement, à la curiosité des Égyptiens.
Dans un rare entretien accordé peu avant l’élection de son mari au journal du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans, elle est revenue sur le rôle qu’elle aimerait jouer et l’ampleur de la tâche qui l’attend.
"Je sais que cela sera difficile car je ne ferai pas l’unanimité. Si je commence à jouer un rôle actif, à m’occuper d’associations caritatives, on me comparera à Suzanne Moubarak (la femme du président déchu Hosni Moubarak, NDLR), et si je reste calfeutrée à la maison, certains affirmeront que le président égyptien refuse que son épouse apparaisse devant les autres hommes, car c’est ainsi chez les islamistes", confie-t-elle. Lors d’un autre entretien avec la presse locale, elle a émis le souhait d’être appelée "première servante du peuple". Enfin, interrogée par le quotidien El-Masry al-Youm, elle a indiqué qu’elle ne voulait pas vivre dans le Palais présidentiel des Moubarak, préférant emménager dans une maison qui permettrait d’accueillir un grand nombre de visiteurs.
L’étoffe d'un nouveau rôle
Cette simplicité tranche avec l’image des femmes qui l’ont précédée et le faste présidentiel auquel ont été habitués les Égyptiens. Loin de la mode occidentale adoptée par Jihane al-Sadate et Suzanne Moubarak, toujours tirées à quatre épingles, Naglaa Ali Mahmoud porte de grandes lunettes rectangulaires tandis qu’un voile de couleur uni lui couvre à la fois les cheveux, les oreilles et le cou.
Sur les réseaux sociaux, sa tenue vestimentaire et son niveau d’éducation - elle n’a pas de diplôme universitaire - ont été l’objet d’une vive polémique ces dernières semaines. Par ailleurs, certains se moquent déjà des problèmes protocolaires qui risquent de se poser pour la première dame d’un président islamiste. Pourra-t-elle serrer la main du président américain Barack Obama ? Pourra-t-elle s’asseoir à table avec d’autres hommes ?
"Les Égyptiens sont partagés sur leur première dame. Son apparence, notamment, fait débat, explique Sonia Dridi. Certains sont ravis qu’elle ressemble à une Égyptienne ordinaire qui pourrait être leur voisine ou la mère de famille qu’ils croisent dans la rue, tandis que d’autres estiment qu’elle n’a ni l’élégance ni l’étoffe du rôle." Naglaa Ali Mahmoud a quatre ans devant elle, le temps du mandat de son époux, pour convaincre et trouver sa place.