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Mise en place d'une médiation dans le contentieux avec Google sur l'utilisation du mot "juif"

La justice française a désigné mercredi un médiateur pour régler le différend qui oppose Google et des organisations antiracistes. Lors de requêtes sur le moteur de recherche, le mot "juif" apparaît régulièrement associé au nom de personnalités.

AFP - Un médiateur a été désigné mercredi pour tenter de régler le différend entre Google et des organisations antiracistes qui demandent que le moteur de recherche ne puisse plus associer automatiquement le mot "juif" au nom de personnalités faisant l'objet de requêtes d'internautes.

Lors de l'audience en son cabinet, la juge des référés du tribunal de grande instance de Paris, Martine Provost-Lopin, a accepté, à la demande des parties, le principe de la désignation d'un médiateur et fixé au 27 juin à 10H00 une prochaine audience.

Au centre du contentieux se trouve la fonctionnalité Google Autocomplete ou saisie semi-automatique, qui permet de proposer à l'internaute, quand il entre une requête dans la barre de recherche Google, d'autres demandes sur la base notamment des requêtes faites par d'autres internautes, ce qui simplifie les recherches.

Les organisations antiracistes affirment que de nombreux utilisateurs de Google sont "quotidiennement confrontés à l'association non sollicitée et quasi systématique du terme +juif+ avec les patronymes des personnes les plus en vue dans le monde de la politique, des médias ou des affaires".

Ce faisant, Google Autocomplete enfreint la loi réprimant la constitution de fichiers ethniques, estiment l'Union des étudiants juifs de France, J'accuse!-action internationale pour la justice, SOS Racisme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et Mémoire 2000.

"Google et les associations plaignantes ont fait conjointement ce matin une demande de médiation afin de trouver la meilleure solution à ce problème", ont déclaré Google et les organisations antiracistes dans un communiqué commun. "Google est solidaire de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme."

La médiation a été confiée à un ancien président du tribunal de commerce, Jean-Pierre Mattei, et son cadre sera confidentiel, a indiqué l'avocat de SOS Racisme, Me Patrick Klugman.

"On va parler de philosophie plus que de droit, et de solutions techniques plus que de savoir qui a raison et qui a tort", a affirmé aux journalistes Me Klugman, évoquant "deux approches de la liberté, deux approches aussi de la responsabilité".

"Nous sommes bien conscients que nous ne sommes pas face à un ennemi idéologique, mais à un problème qui se pose avec le service de suggestion de Google", a-t-il ajouté.

Un porte-parole de Google France avait expliqué mardi que les résultats des requêtes sur Google étaient "générés de manière totalement automatique, sur la base de critères purement algorithmiques correspondant notamment à la popularité des requêtes saisies par les internautes".

"Google n'établit pas ces requêtes de façon manuelle. L'ensemble des requêtes affichées au sein d'Autocomplete ont été préalablement recherchées par des internautes sur Google", avait-il dit.

Faute d'accord entre les parties au terme de la médiation, l'affaire devra être plaidée.