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Ces ministres qui jouent leur nouveau poste aux législatives

Le Premier ministre a annoncé mercredi que tout ministre qui serait battu aux législatives devrait quitter son poste. Certains nouveaux ministres promis à des combats difficiles pourraient voir leur avenir politique s'assombrir.

Le nouveau Premier ministre Jean-Marc Ayrault l’a annoncé : les ministres qui seraient battus aux élections législatives de juin ne pourraient "pas rester" dans son gouvernement, au nom de "l'esprit de responsabilité". Un principe qui rappelle celui appliqué à Alain Juppé en 2007. Battu aux législatives en Gironde, il avait dû quitter son poste de numéro deux du gouvernement et son ministère de l'Écologie et du Développement durable.

Vingt-six ministres en lice
Plusieurs nouveaux ministres pourraient subir le même sort, au lendemain du deuxième tour des législatives prévu le 17 juin, puisque 26 d’entre eux briguent un siège de député. Tous candidats, sans exception, dans des circonscriptions où François Hollande est arrivé en tête au second tour de la présidentielle, la majorité d’entre eux sont cependant assurés de l’emporter. À commencer, par exemple, par le Premier ministre lui-même, candidat dans la 3e circonscription de la Loire-Atlantique. Maire de Nantes depuis 1989 et député depuis 1986, il ne court aucun risque. C’est le cas également du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius (Seine-Maritime), qui n’a jamais perdu une élection législative depuis 1978. Idem pour la nouvelle ministre de la Justice, Christiane Taubira, invaincue depuis 1993 en Guyane et pour le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls, député depuis 2002 et qui est, quant à lui, candidat dans l’Essonne.
Une assurance à l’heure d’affronter le suffrage universel dont ne peuvent se prévaloir le ministre de l'Économie Pierre Moscovici, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine ou encore Jérôme Cahuzac qui s’est vu confier le portefeuille du Budget. En effet, ces derniers devront batailler ferme avec leurs adversaires, puisqu’ils se présentent dans des circonscriptions où le président Hollande n’a devancé Nicolas Sarkozy que d’une courte tête. Comme par exemple dans la 4eme circonscription du Doubs, perdue en 2002 puis conquise de justesse en 2007 par Pierre Moscovici, où le candidat du PS n’a récolté que 51,27  % des voix le 6 mai. Toutefois, l’élan de la victoire de la gauche et leur nouvelle notoriété de ministre devraient les aider à parvenir à leurs fins, pour céder, le cas échéant, leur mandat à leur suppléant en vertu du principe de la séparation des pouvoirs, exécutif et législatif dans ce cas précis.
Najat Vallaud-Belkacem jette l’éponge
Les cas les plus inquiétants concernent notamment celui du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. Après deux tentatives infructueuses, le plus fidèle lieutenant de François Hollande tentera à nouveau sa chance dans la 4e circonscription de la Sarthe, celle que l’ancien Premier ministre François Fillon a délaissée pour se présenter à Paris. Ancrée à droite, elle pourrait le rester après le 17 juin. La même question se pose pour Benoît Hamon, fraîchement nommé ministre délégué chargé de l'Économie sociale et solidaire. Jamais élu député, sénateur ou maire, le Breton se présente dans les Yvelines, un bastion de la droite. Enfin, Marie-Arlette Carlotti, nommée mercredi ministre déléguée aux Personnes handicapées est celle qui semble le plus en danger. Elle se présente dans la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône face au médiatique Renaud Muselier (UMP), et ce après deux échecs aux législatives de 2002 et de 2007.
À moins qu’elle ne suive l’exemple de Najat Vallaud-Belkacem. Au lendemain de sa désignation, la nouvelle ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement a renoncé à se présenter dans la 4eme circonscription du Rhône. Elle avait déjà été candidate en 2007 dans cette circonscription lyonnaise ancrée à droite et remportée haut la main par l'ancien garde des Sceaux Dominique Perben (UMP). Or dans cette même circonscription l’ancien président Nicolas Sarkozy a réuni 53,88 % des voix au second tour de la présidentielle. De quoi encourager la benjamine du gouvernement à déclarer forfait.