logo

Selon un communiqué diffusé le 13 mai, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) sont prêtes à libérer le journaliste français Roméo Langlois, retenu depuis le 28 avril. La guérilla n'a précisé ni la date ni le lieu de cette libération.

Le délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Colombie, Jordi Raich, a annoncé dimanche 13 mai que les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) auraient l’intention de libérer Roméo Langlois, correspondant de FRANCE 24 et du journal "Le Figaro", en captivité depuis le 28 avril.

"Nous nous réjouissons de l'annonce de la libération et nous sommes prêts à l'organiser où que ce soit et au plus tôt", a précisé le responsable du CICR, ajoutant ne pas connaître pour l’instant la date et le lieu mais être prêt à intervenir "à tout moment" par voie terrestre ou fluviale.

Revirement de la part de la rébellion

Quelques heures plus tôt, l’agence de presse cubaine Prensa latina avait relayé un communiqué annonçant que les Farc se proposaient de procéder à la libération du journaliste dans un lieu sûr, en présence d’une délégation composée de la Croix-Rouge internationale, de l’ex-sénatrice colombienne Piedad Cordoba, médiatrice auprès de la rébellion, et d’un représentant personnel du président français élu François Hollande.

Cette déclaration des Farc constitue un revirement. Dans un message vidéo diffusé sur YouTube dimanche 6 mai, les Farc avaient revendiqué la capture de Roméo Langlois, d'abord qualifié de "prisonnier de guerre". Selon les témoignages de soldats, le journaliste français avait été blessé d'un tir au bras et s'était lui-même rendu aux guérilleros en se présentant comme civil.

Bernard Valero, porte-parole du quai d'Orsay, a réagi lundi matin : "Nous sommes informés des dernières déclarations des Farc. Nous ne souhaitons pas les commenter car la discrétion est notre règle de conduite permanente. Les autorités françaises, à Paris comme à Bogota, sont pleinement mobilisées et en contact permanent avec les autorités colombiennes pour obtenir la libération de notre compatriote."

Roméo Langlois, 35 ans, est installé depuis dix ans en Amérique du Sud. Il réalisait un reportage sur le narcotrafic dans la région du Caqueta, à la lisière de la forêt amazonienne, lorsqu’il a été enlevé.

Rançons et narcotrafic

Créées en 1964, les Farc sont l’un des derniers groupes marxistes révolutionnaires du continent sud-américain. Le groupuscule mène depuis des dizaines d’années des campagnes d’enlèvements ; les rançons sont devenues ses principales sources de revenus. Ingrid Betancourt, femme politique franco-colombienne, a été retenue pendant plus de six ans par la guérilla avant d’être relâchée en 2008.

Ces derniers mois, les forces de sécurité colombiennes ont néanmoins remporté des victoires significatives contre la rébellion, principalement dans le nord du pays. Affaiblies par la campagne menée par l’armée colombienne avec le soutien des États-Unis, les Farc ont libéré quelques otages et annoncé qu’elles cesseraient de tirer bénéfice des enlèvements.

Si le président colombien Juan Manuel Santos a vu dans ces initiatives un "pas dans la bonne direction", il a toutefois émis des doutes sur la volonté des Farc d’abandonner les enlèvements comme sources de revenus ou de négocier des accords de paix pérennes. Une analyse confirmée par les experts qui s’accordent pour dire que les négociations de paix, même officieuses, ne donneront probablement aucun résultat avant les élections de 2014.