
Pour afficher ce contenu YouTube, il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.
Accepter Gérer mes choixUne extension de votre navigateur semble bloquer le chargement du lecteur vidéo. Pour pouvoir regarder ce contenu, vous devez la désactiver ou la désinstaller.
RéessayerBoualem Sansal, de retour en France. Gracié par l’Algérie après un an de prison, l’écrivain franco-algérien a été reçu, mardi 18 novembre, à l'Élysée, par Emmanuel Macron qui a salué "sa dignité, sa force morale et son courage".
Depuis sa libération mercredi dernier, Boualem Sansal se trouvait en Allemagne où il a passé des examens médicaux. Il devait attendre le feu vert des médecins pour rentrer dans l'Hexagone.
Sur le plateau de France 24, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, s’est félicité de cette libération, estimant qu’elle pourrait permettre de "renouer" la relation entre les deux pays, après "18 mois de crise grave, profonde où pratiquement tous les canaux de communication ont été rompus", a-t-il souligné. Ce dernier a lui-même été rappelé à Paris depuis mi-avril pour consultations.
L’Allemagne en médiateur
L’escalade de tensions avait débuté avec la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, le 30 juillet dernier 2024. Une décision perçue comme une trahison par l’Algérie, principal soutien du mouvement indépendantiste Front Polisario. Quatre mois plus tard, à son arrivée à Alger depuis Paris, Boualem Sansal était arrêté puis emprisonné, accusé d'"atteinte à la sûreté de l'État". Critique notoire du pouvoir, l’écrivain avait tenu quelques semaines plus tôt des propos controversés sur le Sahara occidental, lors d’une interview avec le média d’extrême droite Frontières.
"Dès le lendemain de la mise en détention de Boualem Sansal, le 16 novembre 2024, nous avons commencé à travailler au processus qui devait conduire à sa libération", explique Stéphane Romatet. "Nous y avons d’abord travaillé avec nos partenaires allemands car nous avons estimé que l’Allemagne, compte tenu de ses relations avec l’Algérie, (…) pouvait représenter un tiers de confiance."
Malgré la forte mobilisation de la classe politique mais aussi des milieux intellectuels et associatifs en faveur de la libération de Boualem Sansal, considéré en France comme un prisonnier d’opinion, l’écrivain avait été condamné en mars à cinq ans de prison ferme en Algérie. Une sentence confirmée quatre mois plus tard lors d’un procès en appel.
C’est finalement l’intervention du président allemand qui a permis de débloquer la situation. Frank-Walter Steinmeier avait demandé à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune une grâce pour "raison humanitaire", mettant en avant l'âge avancé de l'écrivain, 81 ans, et son état de santé fragile car atteint d’un cancer de la prostate.
Dans ce dossier, "la relation privilégiée, particulière, entre le président allemand et son homologue algérien a été décisive", souligne Pascal Thibault, correspondant de France 24 à Berlin.
Une proximité liée notamment à de gros enjeux économiques. Depuis la guerre en Ukraine, l'Allemagne a renforcé son partenariat économique avec l'Algérie, notamment dans le but de sécuriser son approvisionnement en gaz naturel. Berlin y a réalisé d’importants investissements dans les énergies renouvelables, l’hydrogène vert ou bien encore l’automobile, et est perçu par Alger comme un partenaire stratégique, lui facilitant l’accès au marché européen.
Nouveau départ ?
À Paris, Emmanuel Macron et son entourage ont remercié l’Allemagne pour sa médiation. Tout en liant la libération de Boualem Sansal au changement d’approche diplomatique de la France, "une méthode faite de respect et de calme", à rebours du "bras de fer" préconisé par l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Ce dernier comptait notamment forcer le pays à reprendre ses ressortissants frappés d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Mais les autorités algériennes avaient rejeté ses demandes, affirmant qu’elles ne céderaient pas aux "menaces" ni aux "intimidations".
Son successeur, l’ancien préfet de police Laurent Nunez, perçu comme un interlocuteur plus modéré et pragmatique, est désormais chargé de recoller les morceaux.
"Nous sommes dans un moment nouveau" avec l’Algérie, a souligné sur le plateau de France 24 l’ambassadeur Stéphane Romatet. "Ce moment nouveau est important car il est de notre intérêt de renouer avec l’Algérie", a-t-il insisté, citant des "intérêts fondamentaux" partagés dans les domaines sécuritaires, migratoires et économiques.
Priorité pour la France : obtenir la libération de Christophe Gleizes, journaliste sportif français arrêté et condamné fin juin à sept ans de prison ferme, notamment pour "apologie du terrorisme", et dont le procès en appel aura lieu le 3 décembre. "Nous espérons que la cour à ce moment pourra faire preuve de sagesse", souligne Stéphane Romatet.
Paris espère également que la reprise du dialogue permettra de débloquer la délivrance des laisser-passer consulaires par l’Algérie, permettant à la France d’exécuter les OQTF, de relancer la coopération sécuritaire antiterroriste entre les deux pays, notamment dans la région du Sahel, en proie à la menace jihadiste, ou bien encore de renégocier l’accord franco-algérien de 1968, qui régit les règles du séjour des Algériens en France.
L’ambassadeur Stéphane Romatet, qui espère retrouver prochainement ses fonctions à Alger, insiste "sur la nécessité de la reprise d’un dialogue apaisé".
Une démarche aussi nécessaire qu’incertaine. En avril, Emmanuel Macron et son homologue algérien avaient relancé leur relation bilatérale lors d’un échange téléphonique. Avant qu’une nouvelle crise éclate, quelques jours plus tard, après l’arrestation en France d'un agent consulaire algérien, soupçonné dans une affaire d’enlèvement.
