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"Être républicaine aux États-Unis ou en France, c’est la même chose"

Aux yeux des conservateurs américains, la France est un pays sclérosé, handicapé par ses impôts élevés et son modèle social. Une communauté de républicains y a pourtant élu domicile. France24.com a rencontré l'une de ses membres.

Ellen Wasylina est une républicaine pur jus. Professeur de relations internationales originaire de Californie, elle souhaite que la réforme de santé d’Obama soit abolie, elle honnit le concept d’État providence et rappelle volontiers qu’elle avait soutenu l’intervention américaine en Irak en 2003.

Elle a pourtant décidé de vivre en France, un pays à l'antithèse du modèle étatique qu'elle défend, réputé pour son système de protection sociale, ses impôts élevés et qui avait mené, en 2003, la fronde au Conseil de sécurité de l’ONU contre la guerre en Irak.

Elle est membres d'une petite association de républicains vivant en France, qui sont regroupés au sein de la branche française des Republicans Abroad (les républicains de l’étranger). France24.com a demandé à Ellen Wasylina comment elle vivait sa vie de Républicaine en France.

France24.com : Pourquoi vous êtes-vous installée en France ?

Ellen Wasylina : Je suis venu faire un MBA [diplôme en administration des affaires, ndlr] en 1986. J’ai aimé le pays. J'ai rencontré un Français et j’y ai fondé une famille [Ellen vit en région parisiennne, ndlr]. J’ai pris des cours de français dès l’âge de 10 ans, j’avais toujours rêvé de vivre en France.

F24 : Est-ce difficile d’être républicaine en France ?

E. W. : Non, je suis républicaine depuis toujours. Être républicaine aux États-Unis ou en France, c’est la même chose pour moi. Mes valeurs ne vont pas changer parce que je vis à l’étranger. Les Français ne me jugent pas et ne sont pas surpris, et j’aime bien débattre avec certains d’entre eux, notamment mes étudiants. Récemment, au Celsa (École des hautes études en sciences de l'information et de la communication), où je tiens un séminaire sur les différences culturelles à travers le prisme des primaires républicaines et des élections, mes étudiants et moi avons eu un débat vigoureux et enflammé.

F24 : Qu’aimez-vous le plus en France ?

Les "Republicans Abroad"

“Republicans Abroad” est un réseau mondial d’expatriés membres du parti républicain américain.

La branche française existe depuis 40 ans et compte environ 70 membres. Ils promeuvent dans leur pays d'accueil les idées défendues par le parti républicain aux États-Unis. Ils ne sont pas autorisés à soutenir un candidat aux primaires ni à lever des fonds pour financer la campagne de l’un d’eux.
 

E. W. : Le vin, le fromage et, en tant que femme, la mode féminine. J’aime également la qualité de la vie et la qualité de la nourriture en général. C’est très intéressant de vivre dans un système et un environnement différent. Je ne voudrais pas vivre autrement.

F24 : Qu'est-ce que vous aimez le moins ?

E. W. : Probablement les grèves. Mais ça ne m’affecte pas vraiment.

F24 : Vous sentez-vous bien intégrée ?

E. W. : Après 25 années passées dans un pays, on est forcément integré. Ça s’est fait très simplement pour moi. J’ai des parents européens, mon père était ukrainien et ma mère est originaire de Saxe, en Allemagne. Mon premier voyage en France, je l’ai fait à l’âge de 12 ans.

F24 : Que pensez-vous du système de sécurité sociale français ? Quel regard avez-vous sur la réforme de santé initiée par Barack Obama aux États-Unis ?

E. W. : Le système de santé français est très bon, mais il implique de forts taux d’imposition. Voulons-nous les même impôts aux États-Unis qu’en France ? Je ne crois pas. Obamacare [la réforme de santé initiée par le président Obama, ndlr] doit être abrogée. C’est contraire au dizième amendement : le gouvernement fédéral ne peut pas obliger les Américains à se munir d’une couverture santé. Comme l’ont proposé les candidats républicains aux primaires, laissons les États gérer ce problème.

F24 : Que pensez-vous du système des impôts en France ?

E. W. : Je pense que les Français pourraient réduire leurs taux d’imposition. Ils pourraient aussi réduire leur charges sociales pour encourager l’entreprenariat. Les charges sont si élevées que si vous voulez embaucher quelqu’un ici vous devez payer deux fois son salaire pour le recruter.

F24 : Suivez-vous la campagne électorale en France ? De quel candidat vous sentez-vous la plus proche ?

E. W. : Je suis cela de très près. Pour sortir la France de la crise, je pense qu’il faut que l’État ne dépense pas davantage et que les citoyens ne soient pas taxés à un taux de 75 % [comme le propose le candidat socialiste François Hollande pour les très hauts revenus, ndlr]. Difficile de comparer les systèmes politiques américains et français, mais je m’identifie plus à l’UMP. Et j’aime beaucoup les réformes importantes entreprises par le président Sarkozy.