Deux jours après la tribune incendiaire contre Goldman Sachs dans le "New York Times", son auteur, un ancien employé de la banque d'investissement, fait l’objet d’une campagne de dénigrement aux États-Unis.
L’empire a contre-attaqué. La banque d’investissement Goldman Sachs a organisé ces derniers jours la riposte à la tribune parue dans le "New York Times" de son ancien employé Greg Smith. L’ex-responsable de 33 ans des produits dérivés pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient de la célèbre banque américaine avait écrit, mercredi 14 mars dans le réputé quotidien de la côte est, une violente charge contre l’environnement de travail “malsain” et les pratiques commerciales de Goldman Sachs, une banque qui selon lui n'hésite pas à vendre des produits inadaptés à ses clients du moment que le profit est au rendez-vous.
Une attaque contre sa réputation que cet établisssement, l’un des plus emblématiques de Wall Streeet, ne pouvait laisser passer sans réagir. Dans la foulée de la tribune dans le "New York Times", la direction de Goldman Sachs a commencé par publier un communiqué affirmant que les allégations de son ancien employé relèvent du non-sens économique : “Nos profits sont liés à ceux de nos clients”.
Culture du profit à court terme
Le PDG de Goldman Sachs, Lloyd C. Blankfein, et le président de la banque, Gary Cohn, se sont ensuite fendus d’un long mail de 500 mots aux employés - que plusieurs médias américains ont pu consulter - pour répondre aux accusations. Greg Smith prétend, en effet, que les deux dirigeants ont “troqué les valeurs qui ont fait la culture de Goldman Sachs”, une banque plus que centenaire, pour la culture du profit à court terme. “Nous sommes déçus de lire les accusations de cette personne qui ne reflète en rien les valeurs que nous partageons avec la grande majorité d’entre vous”, affirme la direction.
Greg Smith a également été la victime d’une campagne de dénigrement dans plusieurs médias américains. “Certains journalistes économiques ont soudain eu accès à des sources proches du dossier qui ont dressé un portrait très négatif de Greg Smith”, constate le blog américain de gauche Think Progress. Charles Gasparino, l’un des journalistes économiques vedettes de la chaîne conservatrice américaine Fox News, a ainsi écrit sur Twitter, dès mercredi 14 mars: “Plusieurs personnes à Godlman Sachs m’ont affirmé que Greg Smith ne peux pas savoir de quoi il parle car il n’a jamais gagné plus de 750 000 dollars par an”. Greg Smith aurait donc été un gagne-petit incapable de connaître les arcanes de la banque. Un statut qui aurait engendré une grande frustration ayant contribué au départ de Greg Smith d’après le "Wall Street Journal" paru jeudi 15 mars.
Le magazine économique américain "Forbes" rajoute que, toujours d’après des “sources en interne”, l'ancien employé était également en train de traverser “une crise de la quarantaine”. Un profil contradictoire avec celui d'ancien cadre supérieur très au fait des affaires de la banque présenté dans le "New York Times".
Le scandale de trop ?
“J’espère qu’il a fait une croix à tout jamais sur une éventuelle carrière à Wall Street où plus personne ne voudra ou n’osera l’embaucher”, a assuré William Cohan, auteur de “L’argent et le pouvoir : comment Goldman Sachs contrôle le monde”, sur la chaîne économique Bloomberg.
Pour Goldman Sachs ce nouveau scandale pourrait être celui de trop. L'action de la banque a chuté, jeudi 15 mars, de plus de 3% et une tribune publiée dans "Forbes" appelle à la démission du PDG Lloyd C. Blankfein. Depuis le début de la crise économique, la banque a du plus d'une fois dû faire face au scandale. Elle a été mise en cause pour avoir aidé le gouvernement grec à dissimuler ses pertes et un rapport du Sénat américain en avril 2011 dénonce la manière dont la banque a profité de la crise des "subprimes" pour s’enrichir. Le trader français Fabrice Touré, qui a été au centre d'un scandale lié aux "subprimes" en avril 2010, travaillait également pour Goldman Sachs.