Quelque 109 millions d'électeurs sont appelés à voter pour la présidentielle en Russie. L'actuel Premier ministre Vladimir Poutine, pourtant vivement contesté, espère l'emporter et revenir au Kremlin.
AFP - Les Russes ont commencé dimanche à se rendre aux urnes pour une présidentielle qui devrait ramener au Kremlin l'actuel Premier ministre et homme fort du pays, Vladimir Poutine, dans une atmosphère de contestation inédite depuis son arrivée au pouvoir il y a une décennie.
Quelque 109 millions d'électeurs sont appelés aux urnes depuis 8H00 locales à travers la Russie, le plus grand pays du monde qui s'étend sur neuf fuseaux horaires.
Compte-tenu du décalage horaire, le scrutin s'est ouvert à 20H00 GMT samedi dans l'Extrême-Orient russe, les bureaux ont ouvert dimanche à 04H00 GMT à Moscou et le vote sera clôturé avec la fermeture des bureaux de Kaliningrad à 20H00 locales (17H00 GMT), à l'extrême ouest du pays.
A Vladivostok (Extrême-Orient), l'institutrice Zinaïda Bykova, 73 ans, a indiqué avoir voté en faveur de Vladimir Poutine.
"Les autres candidats ne me plaisent pas, et Poutine je sais ce qu'il a fait", a-t-elle dit.
"Avec Poutine, je sais à quoi m'attendre", a déclaré une autre électrice, Galina
itSamalvovitch, 76 ans.
L'ex-agent du KGB a nettement perdu en popularité mais reste crédité d'environ 60% des voix, selon les derniers sondages. Il pourrait l'emporter dès le premier tour comme lors de son élection pour ses deux premiers mandats de président en 2000 et 2004.
M. Poutine avait laissé la présidence à son subordonné Dmitri Medvedev en 2008 faute de pouvoir effectuer un troisième mandat consécutif.
A la tête du gouvernement, il est cependant resté l'homme fort du pays, et M. Medvedev a renoncé à se représenter, se désistant en faveur du retour de son mentor au Kremlin pour un ou deux mandats, portés de 4 à 6 ans, qui pourraient théoriquement le maintenir au pouvoir jusqu'en 2024.
Les quatre autres candidats sont le communiste Guennadi Ziouganov (second selon les sondages avec 15-20%), le populiste Vladimir Jirinovski, le milliardaire Mikhaïl Prokhorov, nouveau venu dans le jeu politique, et le centriste Sergueï Mironov.
Mais tous se sont efforcés de ne pas attaquer frontalement l'ex-agent du KGB, et aucun membre d'une opposition radicale à Vladimir Poutine n'a été autorisé à se présenter.
La campagne électorale a été marquée par l'emploi massif des ressources de l'Etat en faveur de M. Poutine, des pressions et intimidations, notamment à l'encontre de l'opposition et des médias indépendants, ainsi que des pratiques de vote contraint à l'égard des électeurs en province, a estimé l'ONG russe Golos dans un rapport publié jeudi.
Cette association, qui est dans le collimateur des autorités depuis sa dénonciation de fraudes massives aux législatives de décembre, a indiqué avoir plus de 2.500 correspondants dans le pays.
Le Parti communiste a lui aussi indiqué avoir déployé des milliers d'observateurs dans les bureaux.
Une journaliste de l'AFP a constaté dimanche matin dans les bureaux à Moscou la présence de nombreux observateurs.
Les témoignages et vidéos de bourrage d'urne et d'autres fraudes présumées, placés sur l'internet, avaient contribué à la montée de la vague de contestation inédite à laquelle fait face le régime russe depuis trois mois.
M. Poutine a soufflé le chaud et le froid face à cette contestation, tantôt accusant l'opposition et les observateurs de servir les intérêts de l'étranger, tantôt annonçant l'installation de web-caméras dans chaque bureau pour surveiller le vote.
Selon les autorités, 180.000 de ces caméras ont été installées en quelques semaines et retransmettent en direct le déroulement du scrutin.
L'efficacité d'une telle initiative a cependant été mise en doute par la mission d'observation électorale de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Russie.
Le Parti communiste a affirmé que de premières fraudes avaient été constatées dimanche à Vladivostok.
La participation paraissait forte dimanche matin, comme en Tchoukotka (Extrême-Orient), où environ 27% d'électeurs ont voté dans les deux premières heures malgré une
température de -27 degrés Celsius.
"Si le taux de participation est aussi élevé en Tchoukotka à 08H00 du matin, on peut s'attendre à ce que le chiffre soit très intéressant", s'est félicité le chef de la Commission électorale, Vladimir Tchourov.
Le milliardaire Mikhaïl Prokhorov a été l'un des premiers à voter dans la région de Krasnoïarsk (Sibérie Orientale), selon des images de web-caméras, retransmises en temps réel sur le site officiel http://webvybory2012.ru/.
"Je fais le choix d'une nouvelle Russie. Tout ne fait que commencer", a-t-il dit, selon l'agence Ria Novosti.
Les quatre autres candidats, dont M. Poutine, devraient voter dans la journée à Moscou, de même que le président Dmitri Medvedev.
L'opposition, qui juge le processus électoral faussé et dénonce par avance une victoire de M. Poutine au premier tour, a d'ores et déjà appelé à la mobilisation lundi dans le centre de Moscou, au lendemain de l'élection.
Les autorités policières ont indiqué avoir mobilisé plus de 6.000 policiers supplémentaires à Moscou.
"Je ne conseille à personne de tester la résistance des forces de l'ordre à Moscou. Nous mobilisons des renforts et la raison pour laquelle nous le faisons est claire. Nous sommes prêts à assurer la sécurité", a déclaré vendredi le chef de la police de Moscou, Vladimir Kolokoltsev, cité par Interfax.
Il a affirmé que la police avait repéré sur l'internet des appels à "s'armer de barres de fer, de manches de pioche et d'autres objets du même genre".
Des manifestations ont rassemblé depuis décembre des dizaines de milliers de personnes dans la capitale, et des milliers dans les autres villes du pays, sous le slogan "La Russie sans Poutine".
Les organisations pro-pouvoir ont de leur côté appelé au rassemblement de dizaines de milliers de leurs militants Place du Manège, près du Kremlin dimanche soir à Moscou.