Paris, Washington, la Ligue arabe et le Qatar ont exhorté mardi le Conseil de sécurité de l'Onu à agir rapidement pour mettre un terme aux violences en Syrie. La Russie refuse de son côté toute "ingérence extérieure".
REUTERS - Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil Elarabi et le Premier ministre du Qatar ont exhorté mardi le Conseil de sécurité des Nations unies à adopter rapidement des mesures concernant la situation en Syrie.
Nabil Elarabi, qui intervenait aux Nations unies, a appelé de ses voeux des "mesures rapides et décisives". Egalement présent à New York, le chef du gouvernement qatari, le cheikh Hamid bin Djassim al Thani, a estimé que "la machine à tuer est toujours à l'oeuvre" en Syrie, et a demandé au Conseil de sécurité d'assumer ses responsabilités et d'apporter son soutien au plan de la Ligue arabe.
Elarabi a souligné que les pays arabes s'efforçaient d'éviter une intervention militaire étrangère dans la crise syrienne, où le mouvement de contestation a vu le jour en mars dernier. Le Premier ministre qatari a proposé au Conseil de sécurité de privilégier des mesures de pression économiques.
"Nous ne préconisons pas une intervention militaire", a dit le cheikh Hamid. "Nous voulons que soient exercées des pressions économiques concrètes, afin que le régime syrien comprenne qu'il est impératif de répondre aux revendications de la population".
"Nous ne sommes pas partisans d'un changement de régime. C'est au peuple syrien de décider", a-t-il ajouté.
Ces prises de position contre une intervention étrangère semblent destinés à tempérer les craintes de la Russie, dont l'Occident redoute qu'elle n'oppose de nouveau, comme en octobre dernier, son veto au dernier projet de résolution en date.
Dans le même ordre d'idées, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a assuré qu'il n'y avait pas à craindre que la Syrie devienne une nouvelle Libye, allusion à l'intervention aérienne de l'Otan dans ce pays l'an dernier.
Clinton a affirmé que les violences empiraient en Syrie et que la politique de Bachar al Assad consistant à dresser les communautés les unes contre les autres risquait de déclencher une guerre civile.
"Il est manifeste que les forces d'Assad sont à l'origine de presque toutes les attaques qui coûtent la vie à des civils, mais, comme de plus en plus de citoyens prennent les armes face à la brutalité du régime, les violences risquent de plus en plus d'échapper à tout contrôle", a-t-elle déclaré.
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a exhorté de son côté le Conseil de sécurité de l'ONU à sortir de son "silence scandaleux" sur la répression en Syrie en adoptant une résolution soutenant les initiatives de la Ligue arabe.
"Aujourd’hui, nous nous réunissons pour que cesse le silence scandaleux de ce Conseil", a-t-il lancé. "Nous sommes réunis aujourd’hui pour que le Conseil de sécurité prenne ses responsabilités face à un peuple qui souffre", a-t-il ajouté.
"Il est de son devoir, a jugé M. Juppé, de se prononcer sur des cas aussi graves que la Syrie (...) en adoptant rapidement et avec un large soutien le projet de résolution" bloqué jusqu'ici par la Russie et la Chine.
"Il appartiendra à la Ligue arabe de mettre en oeuvre" son plan, qui prévoit notamment un transfert du pouvoir du président Bachar al-Assad à son vice-président et des élections libres. "Notre responsabilité est de l’y aider, en adressant au régime syrien le message clair que la communauté internationale est unie derrière les efforts arabes", a poursuivi le chef de la diplomatie française.
Moscou a réaffirmé mardi son opposition au projet de résolution occidentalo-arabe condamnant la répression exercée par le régime du président Bachar al Assad. Ce projet de résolution devait être défendu mardi soir au Conseil de sécurité par plusieurs intervenants.
La résolution préparée par la France et la Grande-Bretagne avec l'appui du Qatar, du Maroc, des Etats-Unis, de l'Allemagne et du Portugal, s'inspire du plan de sortie de crise de la Ligue arabe en appelant à la mise à l'écart de Bachar al Assad et à la création d'un gouvernement d'union. Le texte ajoute que le Conseil de sécurité pourrait prendre des mesures supplémentaires non spécifiées si Damas n'accepte pas ses conditions.