Le président français Nicolas Sarkozy a assuré, dimanche, que l'Europe n’est "plus au bord du gouffre". Certains indicateurs semblent lui donner raison. Mais la crise est loin d'être finie. Explications.
La crise, c’est fini ? Lors de sa prestation télévisée de dimanche 29 janvier, le président français, Nicolas Sarkozy, a plusieurs évoqué une accalmie économique européenne. “L’Europe n’est plus au bord du gouffre”, a-t-il alors assuré. Lors du sommet européen de Bruxelles, le lundi 30 janvier, c'est la chancelière allemande Angela Merkel qui, cette fois, s’est voulue rassurante. Pour elle, la signature par 25 des 27 États membre de l’Union européenne (UE) d'un nouveau traité de discipline budgétaire constituerait un “important pas vers la stabilité européenne”.
“Il est vrai que l’Europe a réussi à se mettre d’accord et, qu’au moins, les marchés savent maintenant qu’il y a une orientation économique commune, même s'il ne s'agit que d'une orientation pour maîtriser les dépenses”, souligne à FRANCE 24, Christophe Blot, spécialiste de l’Europe pour l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Baisse des taux d'intérêt
Si ce nouveau traité est un signal envoyé aux marchés financiers, ces derniers ont également fait quelques fleurs à la zone euro depuis le début de l’année. Lors des premières émissions d’obligations de 2012, la France, l’Italie ou encore l’Espagne ont ainsi pu bénéficier de taux d’intérêt en recul par rapport aux records atteints à la fin de 2011. Une bonne nouvelle car cette baisse signifie tout d'abord que ces pays auront moins à rembourser. Elle peut ensuite donner l'impression que les marchés jugent moins sévèrement la situation économique de ces pays.
Faux, regrette Christophe Blot. “Cette baisse souligne simplement que les marchés ont déjà intégré, lors des précédentes hausses des taux, la dégradation de la situation économique”, estime-t-il, et que maintenant ils affinent leur jugement. Il y a en outre certains pays, comme le Portugal ou la Grèce, pour lesquels la confiance des marchés continue de s'émousser.
Croissance en berne
Le “miracle” de la baisse des taux d’intérêt ne signifie pas non plus que les pays qui en bénéficient auront moins de mal à rembourser leurs dettes. “C’est vrai seulement si le taux de croissance stagne ou augmente”, souligne Christophe Blot. Dans le cas contraire, les rentrées fiscales vont décliner et les États auront simplement moins d’argent à disposition. “C’est en fait le rapport entre taux d’intérêt et taux de croissance qui est important”, juge l'économiste. Avec la récession qui s’annonce dans plusieurs pays, comme l’Italie ou l’Espagne, l’embellie est donc un trompe-l’oeil.
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Il existe, en fait, plusieurs indicateurs qui semblent montrer que la tempête est encore à venir. “Les enquêtes de conjoncture dans la plupart des pays européens montrent une chute du moral des consommateurs ce qui va avoir un impact sur la consommation”, remarque Christophe Blot. La Banque centrale européenne (BCE) a, en outre, souligné dans son dernier rapport de janvier que les banques commençaient à durcir les conditions d’octroi de crédits. Si cette tendance venait à s’aggraver, il se pourrait qu'en Europe les consommateurs ainsi que les petites et moyennes entreprises n’aient plus accès au crédit bancaire - le fameux "credit crunch" - ce qui avait été l’une des principales conséquences de la crise de 2008.