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Birmanie : l’espoir démocratique

Après un demi-siècle de dictature, les gestes d’ouverture démocratique se multiplient en Birmanie : liberté pour Aung San Suu Kyi, dialogue avec les guérillas séparatistes, libération de prisonniers politiques... Notre reporter a sillonné le pays pour comprendre pourquoi l’une des dictatures les plus répressives au monde décide de s’ouvrir.

Je ne suis pas revenu en Birmanie depuis douze ans. Interdit de séjour après avoir été arrêté puis expulsé. Je n’imaginais pas revoir un jour les rues de Rangoon. Et encore moins avec cette incroyable liberté de ton ou encore ces photos d’Aung San Suu Kyi, l’icône pro-démocratie, jadis interdites et désormais montrées au grand jour…

Que s’est-il passé ? Pourquoi d’implacables dictateurs, qui tiennent le pays d’une main de fer depuis un demi-siècle, donnent-ils soudainement l’impression d’avoir jeté l’éponge?

Pour tenter de comprendre, je me suis rendu à Naypidaw, la nouvelle capitale où se terrent les maîtres du pays, ces généraux reconvertis en démocrates.

Je découvre une ville fantôme de 80 kilomètres carrés creusée au milieu de la jungle… Une vitrine surréaliste d’une Birmanie fantasmée par de vieux despotes. Un Pyongyang tropical.

Mais le mirage birman s’arrête aux portes de Naypidaw. Dans le village voisin, on se nourrit de rats sur le bord des routes…

La Birmanie que je connais, je vais la retrouver en m’enfonçant davantage dans le pays. Check-points, présence militaire, villages sans électricité… Dans l’Etat Karen à l’extrême est, les anciens rebelles rêvent des millions de dollars de trafics divers que pourrait leur rapporter une paix fragile tout juste passée avec le gouvernement. Business contre pacification, c’est la version birmane de la démocratie…

"C’est sûr qu’on s’est demandé si la situation ici n’allait pas dégénérer comme en Libye ou en Syrie…", me confie un haut gradé proche du pouvoir pour expliquer pourquoi la junte militaire a décidé de passer de la terreur à une démocratie "florissante et disciplinée".

C’est donc cela, il n’y a qu’un seul but : se maintenir au pouvoir.