Soupçonné de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, le Rwandais Callixte Mbarushimana a retrouvé la liberté après dix mois de prison à La Haye. Une première pour la CPI, qui a abandonné les charges contre l'ex-responsable du mouvement hutu.
Il est le premier suspect de la Cour pénale internationale (CPI) à être remis en liberté depuis les débuts de la juridiction en 2003. Détenu à La Haye depuis le 25 janvier 2011, le responsable d'un mouvement rebelle hutu rwandais Callixte Mbarushimana a été libéré vendredi 23 décembre. La CPI a finalement abandonné les charges qui pesaient contre le secrétaire exécutif des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), âgé de 48 ans, et ordonné sa remise en liberté. Le procureur Luis Moreno-Ocampo avait fait appel de cette décision. En vain.
Callixte Mbarushimana avait été arrêté le 11 octobre 2010 en France suite à un mandat d'arrêt de la CPI. L’homme était soupçonné de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, notamment de meurtres, viols, tortures et persécutions, commis durant le conflit armé qui a opposé en 2009 son organisation aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et aux Forces rwandaises de défense (FRD). Plus de 15 000 cas de violences sexuelles ont été recensés en RDC en 2009, selon le procureur de la CPI.
Information judiciaire en France
"C'était un des rôles de Mbarushimana, de couvrir ces crimes", avait assuré, le 19 octobre, Luis Moreno-Ocampo, procureur de la CPI. "Certaines des personnes qui ont commis les crimes et qui sont en prison disent que les leaders du FDLR ont donné l'ordre de les commettre", avait-il ajouté.
Avant son arrestation, Mbarushimana publiait régulièrement des communiqués de presse à partir de la France, dont le dernier, daté du 26 août 2010, démentait l'implication des FDLR dans ces viols.
Remis en liberté, Callixte Mbarushimana a donc choisi de rentrer en France où il vivait avec sa famille depuis 2002, bénéficiant d'un statut de réfugié politique.Son épouse, qui l'attendait à l'aéroport vendredi 23 décembre, s'est refusée à tout commentaire.
Mais le Rwandais est également visé, depuis le 29 septembre, par une information judiciaire en France à la suite d'une plainte déposée en 2008 par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) pour "génocide" en 1994 au Rwanda.
Basées dans l'est de la République démocratique du Congo, les FDLR sont considérées comme l'un des principaux fauteurs de troubles dans la région des Grands lacs. Certains de ses membres ont pris part au génocide de 1994, qui a fait plus de 800 000 morts - essentiellement des Tutsi.
Dès son arrivée à Paris, Callixte Mbarushimana a été conduit devant un juge français pour se voir notifier son contrôle judiciaire. "C'est ridicule comme manière de faire. Il était informé de son contrôle judiciaire et il avait l'intention de se présenter la semaine prochaine. Inutile de le faire chercher ici", a regretté son avocat, Me Arthur Vercken.