En réaction à l'adoption de la proposition de loi réprimant la négation des génocides, dont celui des Arméniens en 1915, Ankara a encore haussé le ton vendredi en accusant la France d'avoir commis un "génocide" en Algérie.
AFP - Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a appelé vendredi la Turquie à faire preuve de "sang froid" et de "retenue" après les déclarations du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, regrettant des "déclarations sans doute excessives".
"Je pense que cette initiative n'était pas opportune, mais le Parlement a voté", a déclaré le chef de la diplomatie française depuis Bordeaux.
"J'avais appelé les autorités turques à ne pas sur-réagir au vote du Parlement. Je constate qu'il y a eu des déclarations sans doute excessives", a-t-il jugé.
"Il y a beaucoup de raisons de maintenir entre la France et la Turquie des relations de confiance et même d'amitié, j'ose le mot (...) donc j'appelle au sang-froid et à la retenue", a ajouté M. Juppé.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé vendredi la France d'avoir commis un "génocide" en Algérie et le président français Nicolas Sarkozy de jouer sur "la haine du musulman et du Turc" à des fins électoralistes, en réaction au vote à l'Assemblée nationale française d'une proposition de loi pénalisant la négation des génocides, dont l'arménien.
Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères vendredi soir, la France estime "qu'elle assume avec lucidité et transparence son devoir de mémoire face aux tragédies qui ont marqué son histoire" et déplore "le recours à des formules excessives et à des attaques personnelles qui ne sont pas à la hauteur des enjeux ni de l'intérêt mutuel de nos relations".
La presse française avait évoqué ces derniers jours l'opposition de M. Juppé à une initiative poussée par le président Nicolas Sarkozy, mais le poids lourd du gouvernement ne s'était pas exprimé.
"Essayons maintenant de reprendre des relations apaisées. Ce sera difficile, j'en ai conscience, mais le temps fera son oeuvre", a ajouté M. Juppé.
Le président français a aussi demandé à la Turquie le respect des "convictions" de chacun.
it"Je respecte les convictions de nos amis turcs, c'est un grand pays, une grande civilisation, ils doivent respecter les nôtres", a déclaré Nicolas Sarkozy à Prague, où il assistait aux obsèques de l'ancien président tchèque Vaclav Havel.
"La France ne donne de leçons à personne, mais la France n'entend pas en recevoir", a aussi déclaré M. Sarkozy.
M. Erdogan avait ordonné jeudi en représailles au vote de l'Assemblée la suspension des visites bilatérales, le rappel pour consultations de l'ambassadeur de Turquie en France et ajouté que "les exercices militaires communs avec la France et toutes les activités militaires avec ce pays avaient été annulés" pour protester contre l'adoption de ce texte.