Tout en restant prudent, le leader du Collectif contre l'exploitation (LKP), Elie Domota, a décidé de reprendre les négociations, interrompues depuis une semaine, après l'annonce par Nicolas Sarkozy de l'octroie de 580 millions d'euros aux DOM.
Retrouvez le carnet de route d'Eve Irvine et Willy Bracciano, nos envoyés spéciaux aux Antilles françaises, en cliquant ici.
La crise aux Antilles vue par les Observateurs de FRANCE 24
La Guadeloupe se réveille ce vendredi sur un possible espoir de début de règlement du conflit social qui paralyse l’économie de l'île antillaise depuis un mois. Bien que peu convaincu par les promesses faites par les président Nicolas Sarkozy, le LKP, Collectif contre l'exploitation outrancière, une coalition de syndicats et de groupes de gauche à la tête du mouvement de grève, a annoncé qu’il reprendrait vendredi après-midi les négociations avec le gouvernement.
"On peut parler d’un début de déblocage", explique Virginie Herz, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Pointe-à-Pitre. Jeudi soir, les représentants du LKP ont déjà rencontré des représentants du gouvernement. "C’est la première fois en dix jours qu’une telle rencontre se produit", raconte la journaliste qui relate que, "pendant les deux heures de négociations,
les propositions de Nicolas Sarkozy ont été extrêmement détaillées".
" A l’issue de ces deux heures de pourparlers [avec les représentants gouvernementaux], les membres du LKP" n’ont pas rejeté les propositions mais se sont estimé "peu convaincus", explique notre envoyée spéciale.
Refus de mettre un terme à la grève générale
"Pour l’instant, ces propositions nous semblent très vagues," a affirmé le dirigeant gréviste Elie Domota aux journalistes après son entretien avec le préfet de l’île, Nicolas Desforges, et deux envoyés du gouvernement. Conséquence de quoi, le Collectif contre l'exploitation outrancière a refusé de mettre un terme à la grève générale, qui a débuté il y a main tenant plus d'un mois.
“Les syndicats ne sont pas satisfaits des propositions faites par le gouvernement,” rapporte Cyril Vanier, envoyé spécial de FRANCE 24 en Guadeloupe. “Selon eux, Sarkozy leur propose des miettes”, ajoute-t-il.
Sarkozy a présenté “un vaste plan de modernisation" pour les DOM et s’est engagé à se rendre en Guadeloupe pour lancer une série d'états généraux afin de débattre des "grands enjeux" dans les collectivités d'Outre-mer.
Depuis le 20 janvier, le LKP, suivi par des milliers de personnes, manifeste quotidiennement contre le coût de la vie et les salaires et minima sociaux trop bas. Un mouvement qui a rapidement fait boule de neige en
Martinique, en grève depuis le 5 février, p uis à la Réunion.
Conformément aux demandes des syndicats, Nicolas Sarkozy a dévoilé dans son allocution le plan du gouvernement d’augm enter les bas salaires de "près de 200 euros". Cette proposition marque un changement de position de Paris. Jusqu’ici, le gouvernement semblait refuser de se plier à une telle concession, de crainte de voir les syndicats de la métropole revendiquer la même chose.
Un syndicaliste tué par balle
La reprise des négociations semble soulager une population mobilisée et paralysée depuis des semaines, rappo rte Virgine Herz. "Les habitants que nous avons interrogés disent vouloir prendre le temps d’étudier les propositions d e Nicolas Sarkozy", explique la journaliste qui ajoute tout de même que, selon ces mêmes personnes, "si cette réaction était arrivée plus tôt, beaucoup de dégâts auraient pu être évités".
Le lende main, plus de 2 000 personnes participaient, au côté de Domota, le leader du LKP, à une marche silencieuse en la mémoire de la victime, la première depuis le début des événements.
La nuit de mercredi à jeudi a été marquée par 39 interpellations, de nouveaux tirs contre les forces de l'ordre et la tentative de saccage de la mairie de Sainte-Rose, au nord de Basse-Terre. Des centaines de policiers et gendarmes ont été déployés dans l’ensemble de l’île pour contenir la violence.
Tensions raciales et sociales
La plupart des cafés, banques, écoles et bureaux gouvernementaux ont été fermés en Guadeloupe et en Martinique. Une situation qui met en persil l’industrie du tourisme, pourtant vitale aux économies des deux îles.
Les récentes tensions en Guadeloupe et en Martinique ont également exacerbé les tensions raciales et sociales entre les Noirs, majoritaires, et les "békés", l’élite blanche.
L’île sem ble maintenant avoir retrouvé le calme. "Les rues sont relativement calmes et si des cocotiers abattus et des feux barrent encore les routes et les ronds-points ici et là, il ne s’agit essentiellement que de barrages abandonnés", relate Virginie Herz.