Mercredi soir, à la veille du sommet du G20, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont averti le Premier ministre grec de leur intention de stopper l'aide à Athènes si le plan européen de sauvetage de la Grèce décidé le 27 octobre n'était pas appliqué.
Des ministres grecs s'opposent au projet de référendum
Deux ténors du gouvernement grec, les ministre des Finances Evangélos Vénizélos et du Développement Michalis Chryssohoïdis, ont exprimé jeudi leur opposition au projet du Premier ministre d'un référendum sur le soutien de la zone euro au pays, pour ne pas compromettre l'ancrage à l'euro.
"L'entrée de la Grèce dans l'euro est une conquête historique du peuple grec qui ne peut pas être mise en question. Ceci ne peut pas dépendre d'un référendum" a déclaré M. Vénizélos dans un communiqué diffusé jeudi matin à son retour de Cannes après la rencontre du Premier ministre grec Georges Papandréou avec les leaders européens et du FMI réunis pour le G20.
Un troisième ministre, Costas Skandalidis, sans attendre, a réclamé une réunion immédiate du groupe parlementaire socialiste, soulignant lui aussi que "la voie européenne du pays est non négociable".
Dans son communiqué, le ministre des Finances a souligné l'importance de pouvoir disposer de ces fonds "sans délai".
Cette somme constitue la sixième tranche d'un prêt de 110 milliards d'euros au total du premier plan d'aide à la Grèce décidé théoriquement pour 3 ans en mai 2010. La Grèce en a besoin pour continuer à payer ses fonctionnaires et faire face à ses prochaines échéances de remboursement de sa dette.
Selon plusieurs sources, les caisses de l'Etat grec seront vides d'ici décembre.
Mercredi 2 novembre, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, les représentants des institutions européennes et du Fonds monétaire international (FMI) se sont réunis à huis clos à Cannes avant d’être rejoints par le Premier ministre grec. L’occasion pour George Papandréou , convoqué dans la cité de la côte d’Azur, de s’expliquer sur la bombe qu’il a jeté au cœur de la zone euro. La veille, le Premier ministre grec a en effet pris de court l’Europe entière en annonçant la tenue d’un référendum national sur le plan de sauvetage européen adopté à Bruxelles le 27 octobre.
Cette annonce unilatérale a semé la consternation en Europe et enflammé les marchés financiers. Les Européens n’ont pas décoléré mercredi lors de la série de réunions en présence du Premier ministre grec à Cannes. Ils ont décidé de couper les vivres à la Grèce tant que le plan de sauvetage ne sera pas appliqué.
"Nous avons dit clairement aux autorités grecques, la majorité mais aussi l'opposition [...], que les Européens et le FMI ne pourront envisager de verser la sixième tranche du programme d'aide à la Grèce que lorsque la Grèce aura adopté l'ensemble du paquet du 27 octobre et que toute incertitude sur l'issue du référendum aura été levée", a déclaré Nicolas Sarkozy à Cannes lors d’une conférence de presse.
Attente de versement
"Dès que le référendum sera achevé, et toutes les incertitudes levées, je ferai une recommandation au conseil d'administration du FMI concernant la sixième tranche de notre prêt pour soutenir le programme économique de la Grèce", a ajouté Christine Lagarde dans un communiqué publié à Washington.
La Grèce attend le versement, par les Européens et le FMI, de huit milliards d'euros issus du prêt d’un montant total de 110 milliards d'euros, premier plan d'aide décidé en mai 2010. Athènes en a besoin pour continuer à payer ses fonctionnaires et faire face à ses prochaines échéances de remboursement de sa dette.
Lors de ce mini-sommet à Cannes mercredi, les Européens ont également sommé la Grèce de demander lors d u référendum annoncé pour le 4 décembre si les Grecs souhaitent ou non rester dans la zone euro. C’est la première fois qu'une sortie d'un État de l'Union monétaire est aussi explicitement envisagée. Cette question, auparavant totalement taboue, n’avait jusqu’alors jamais été évoquée officiellement par des chefs d’État et de gouvernement.
Un G20 parasité par la crise
"Il est clair que la question qui se trouve posée, c'est celle de l'avenir européen de la Grèce. La Grèce veut elle rester ou non dans le zone euro ?", a déclaré à Cannes devant la presse le président français Nicolas Sarkozy. "Nous le souhaitons très vivement et nous ferons tous nos efforts pour que cela soit possible", "mais c'est au peuple grec de répondre à cette question et c'est sur cette question qu'il devrait se prononcer si un référendum devait être organisé", a ajouté le chef de l'Etat français, qui doit présider les 3 et 4 novembre un sommet du G20 parasité par la crise grecque.
Les dirigeants français et allemand ont cependant renoncé à demander un vote au Parlement grec sur le plan du 27 octobre étant donnée la fragilité de la majorité de George Papandréou. Le Premier ministre grec s’est, lui, déclaré confiant dans l'issue du référendum. "Je crois que le peuple grec veut que la Grèce reste dans la zone euro [...]. Je veux dire que nous aurons un 'oui'", a-t-il déclaré.
Mercredi soir, l’incendie déclenché par Georges Papandréou n’était toujours pas éteint. Un mini-sommet sur la Grèce réunissant les États membres de la zone euro et ceux du G20 se tient jeudi 3 novembre à Cannes en marge du sommet.