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Grève à Air France : les premières dissensions entre syndicats apparaissent

Alors que le 3e jour de grève des hôtesses et stewards d'Air France se termine, deux syndicats, la CFDT et la CFTC, se sont désolidarisés du mouvement de contestation. De son côté, la direction espère assurer 90% de ses vols mardi.

AFP - Des premières fissures sont apparues au troisième jour, lundi, de la grève des stewards et hôtesses d'Air France avec la sortie du mouvement de deux syndicats minoritaires, la CFDT et la CFTC, autorisant ainsi la direction à programmer mardi plus de 90% des vols.

Lundi, la compagnie affirme avoir été en mesure d'assurer "plus de 90% de son programme, soit un niveau supérieur aux 85% annoncés la veille".

Plus de 120.000 passagers ont été transportés "ce qui est proche d'une journée d'exploitation normale", a précisé un communiqué de la direction.

Cet objectif a été rendu possible par la reconduction de mesures, déjà prises par la direction depuis le début de la grève, comme le recours aux compagnies partenaires et aux filiales, la limitation du nombre de passagers par avion sur la base d'une hôtesse ou steward pour 50 passagers, et le renfort d'environ 200 cadres.

La CFTC, qui a recueilli 8% des voix aux élections professionnelles de mars dernier, et la CFDT (4%), l'un et l'autre à l'origine de la grève contre une réduction du personnel de cabine avec l'Unsa (22%), le SNPNC-FO (21%), la CGT (10%) et SUD (6%), ont décidé de sortir du conflit après avoir négocié une garantie de l'emploi jusqu'à fin 2012 avec la direction.

L'Unac (CFE-CGC), principal syndicat des quelque 15.000 hôtesses et stewards de la compagnie (28% des voix), ne s'était pas joint au mouvement.

Pour la direction, la décision des deux syndicats minoritaires est "une bonne nouvelle qui vient confirmer l'essoufflement du mouvement (et qui) est bien la preuve que la porte du dialogue n'a jamais été fermée avec les syndicats", a déclaré à l'AFP Jean-Charles Trehan, directeur des relations presse d'Air France.

"Sur cette sortie de conflit en particulier, la CFDT et la CFTC ont été reçues à leur demande depuis ce week end", a ajouté M. Trehan.

L'Unsa et le SNPNC-FO se sont étonnés auprès de l'AFP de la décision conjointe de la CFDT et de la CFTC. "Il y a quand même un problème, la direction négocie avec deux syndicats qui ne sont pas représentatifs. Cela ne va pas", a déploré Stéphane Chausson, de l'Unsa.

Selon le délégué syndical CFDT, Cyril Jouan, les deux syndicats ont "obtenu des garanties sur l'emploi jusqu'à fin 2012". Ils seront associés à la présentation de la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) sur trois ans, ce qui leur permettra de disposer d'une plus grande visibilité sur l'emploi dans l'entreprise.

Lundi matin sur RMC, le ministre délégué aux transports Thierry Mariani a de nouveau qualifié cette grève d'"irresponsable" et craint que celle-ci se traduise par de "nouvelles pertes" financières pour la compagnie confrontée à une rude concurrence.

Une tonalité déjà développée la veille par Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre des Transports et de l'Ecologie et Xavier Bertrand, ministre du Travail, qui s'est également interrogé sur la mise en place d'un service minimum dans le transport aérien.

De son côté, le président PS de la commission des Finances de l'Assemblée Jérôme Cahuzac a regretté qu'"il n'y ait pas de dialogue social pour prévenir ce type d'incident, qui revient à prendre en otages certains de nos concitoyens souhaitant profiter de ce long week-end" de Toussaint.

Pour Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle, "il y a une légitimité complète des salariés d'Air France, c'est les conditions de travail qui se dégradent, des questions de sécurité, et derrière, ce sont des emplois menacés."