
Le candidat du pouvoir, Rossen Plevneliev (photo), a remporté dimanche l'élection présidentielle en Bulgarie avec une large avance. Ce scrutin, qui avait une valeur de test pour le Premier ministre Boïko Borissov, accroît l'emprise des conservateurs.
AFP - Le candidat du parti gouvernemental bulgare Rossen Plevneliev a remporté dimanche une victoire attendue à l'élection présidentielle, qui permet aux conservateurs et au Premier ministre Boïko Borissov d'augmenter leur emprise sur les principales institutions, à mi-mandat de la législature.
Rossen Plevneliev, 47 ans, ex-ministre du Développement régional, obtiendrait 55/56% des suffrages, selon les premières estimations des instituts de sondages, devant son concurrent socialiste, Ivaïlo Kalfine, largement battu avec seulement environ 44/45%. Et cela malgré le soutien affiché du parti de la minorité turque (MDL).
Le chef de l'Etat -- le sortant Gueorgui Paravanov, de gauche, ne pouvait pas se représenter après deux mandats -- exerçant surtout un rôle de représentation et d'autorité morale, le scrutin avait valeur de test pour Boïko Borissov. Car le chef du gouvernement est confronté aux difficultés économiques de son pays, le plus pauvre de l'Union européenne, et se trouve sous pression de Bruxelles pour plus d'efficacité face à la corruption et à la criminalité.
Connu pour son franc-parler et aimant les bains de foule, Boïko Borissov a largement contribué à la campagne de son ex-ministre. La victoire de son parti, le GERB, à l'élection présidentielle, ainsi qu'aux municipales, qui avaient lieu le même jour, témoigne du soutien dont continue à jouir le puissant chef de gouvernement moins de deux ans avant les prochaines législatives et malgré une politique d'austérité.
Les salaires, de 360 euros par mois en moyenne, n'ont pas été augmentés depuis deux ans et le taux de chômage reste élevé, à 9,40% en septembre. Le pays souffre du ralentissement de la croissance observé depuis le deuxième trimestre en Europe. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a récemment abaissé sa prévision à 1,6% cette année.
Rossen Plevneliev, ex-homme d'affaires, assez discret, a promis d'insister auprès des institutions européennes pour qu'elles octroient les fonds nécessaires afin de moderniser les infrastructures obsolètes du pays. Il a par ailleurs promis de sortir de l'ombre la fonction de vice-président à laquelle a été élue dimanche l'ex-ministre conservatrice de la Justice, Margarita Popova, appréciée par Bruxelles pour ses efforts en vue d'un système judiciaire plus efficace.
Fondé en 2007 comme parti des maires, le GERB a également étendu son influence dans les municipalités. Dès le premier tour, il avait fait réélire le maire de Sofia, Yordanka Fandakova, et trois autres maires de centres régionaux. Le parti au pouvoir avait aussi remporté à la proportionnelle au premier tour la majorité dans 20 des 27 conseils municipaux des chefs-lieux régionaux, contre un pour le Parti socialiste (ex-communiste) et deux pour le parti de la minorité turque.
Ces élections ont de nouveau donné lieu à des soupçons de manipulations, dont "l'achat de votes", notamment au sein de la minorité Rom, pratique ancienne et traditionnelle dénoncée par des médias et les organisations non-gouvernementales (ONG).
Ce dimanche encore, la police a arrêté plusieurs personnes en province, prises sur le fait lors de la remise d'argent à des électeurs.
Alors que les Bulgares en âge de voter sont 6,085 millions, selon un recensement récent, 6,9 millions figurent sur les listes de électorales. Ce décalage entretient les soupçons de manipulations et de nombreux observateurs européens étaient sur place pour surveiller le déroulement des opérations électorales.
Le premier tour des élections, le 23 octobre, avait été marqué, plus que jamais, par des irrégularités, entre 6% et 10% des bulletins ayant été annulés contre 3% lors d'élections précédantes, selon l'ONG Transparency International.