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Le conflit se "radicalise", selon le président de la région

Au lendemain des affrontements entre policiers et manifestants, la tension reste très vive en Guadeloupe, qui connaît son 27e jour de grève. Les Martiniquais, sujets au même ras-le-bol, poursuivent leur mouvement de protestation.

Retrouvez le carnet de route d'Eve Irvine et Willy Bracciano, nos envoyés spéciaux en Martinique, en cliquant ici.

Des vitrines de magasins brisées, des voitures et des barrages routiers incendiés… En Guadeloupe, la "marche pacifiste" entamée le 20 janvier dernier a viré, lundi et mardi, aux affrontements entre militants, casseurs et forces de l’ordre.

"On est au bord de la sédition. […] Il y a une radicalisation, une montée aux extrêmes" du mouvement, a témoigné mardi matin sur France Info Victorin Lurel, président de la région, dénonçant "l’absence de l’État". "On a l’impression qu’il y a un vide du pouvoir, une indifférence", poursuit l’élu socialiste.

Dans la nuit de lundi à mardi, des violences ont éclaté dans plusieurs villes de l’île. Des casseurs cagoulés ont jeté des pierres et lancé des cocktails Molotov en direction des forces de l’ordre. Dix-huit personnes ont été interpellées.

"Ce sont des petits Guadeloupéens en désespérance dans ce pays, tout simplement parce que toutes les politiques de l’Etat ou des collectivités n’ont jamais répondu aux problèmes de priorités d'emploi", a réagi Elie Domota, leader du Collectif contre la vie chère et les surprofits (LKP). Selon lui, ces affrontements étaient "prévisibles".

Evacuation musclée des barrages routiers

Un peu plus tôt, les forces de l’ordre avaient évacué, de façon parfois musclée, des militants du LKP qui barraient des routes. Une cinquantaine d’entre eux ont été interpellés puis relâchés sous la pression de la foule amassée devant le commissariat de Pointe-à-Pitre.

En lieu et place des manifestations quotidiennes depuis un mois, des militants avaient, en effet, érigé des barrages routiers, coupant artères principales et petites routes dans plusieurs endroits de l’île. Malgré l’évacuation manu-militari de ces manifestants, plusieurs routes ont de nouveau été coupées mardi matin, en réponse à l’appel "au renforcement de la mobilisation" du LKP.

Après la nuit de violences, Nicolas Desforges, préfet de la Guadeloupe, a appelé Elie Domota pour évoquer un "appel au calme". "L’important aujourd’hui, c’est d’éviter un engrenage, une escalade, qui nous conduirait à une situation que nous ne maitriserions ni lui ni moi", a-t-il déclaré lors d’un entretien avec RFO Télé-Guadeloupe.

Jeudi, Nicolas Sarkozy recevra les présidents des collectivités locales et les parlementaires des départements d'outre-mer pour faire un point sur la situation et tenter de trouver une solution au conflit exceptionnellement long et vigoureux aux Antilles.

Alors qu’Elie Domota déclare le LKP "toujours ouvert au dialogue", le président de la région Guadeloupe redoute, lui, "une opération de communication du président de la République". "J’espère que cette réunion apportera de vraies solution, […] que l’Etat revienne et tienne ses promesses", poursuit-il, ajoutant qu’en Guadeloupe, "la parole de l’Etat perd de sa valeur".