
Nicolas Maduro à Caracas le 15 septembre 2025. © Leonardo Fernandez Viloria, Reuters
Le Venezuela a assuré lundi 6 octobre que des "extrémistes" voulaient placer des explosifs contre l'ambassade américaine à Caracas, dénonçant une manipulation en pleine crise entre les deux pays sur fond de déploiement de bateaux de guerre américains dans les Caraïbes.
"C'était une action de provocation", a estimé dans la soirée le président vénézuélien Nicolas Maduro à la télévision, assurant que "deux sources" avaient fourni des informations concordantes sur la "possibilité qu'un groupe terroriste local place une charge explosive à l'ambassade des États-Unis à Caracas". "C'est une opération typique de fausse bannière", a-t-il déclaré, faisant référence à une ruse par laquelle un groupe fait une action sous une fausse identité pour tromper les observateurs.
"On pourrait l'appeler une opération typique de provocation pour ensuite créer un scandale et utiliser le pouvoir de communication à travers les réseaux et les médias pour blâmer le gouvernement bolivarien (vénézuélien NDLR) et commencer une escalade de confrontation (...) où l'on n'entendra que le crépitement des mitrailleuses et des missiles", a-t-il poursuivi.
"Malgré toutes les différends que nous avons eus avec les gouvernements des États-Unis, cette ambassade est protégée conformément (...) au droit international par notre gouvernement. L'ambassade des États-Unis au Venezuela est considérée comme territoire américain", a-t-il souligné, ajoutant que la "sécurité avait été renforcée" autour des bâtiments.
"Nous ne sommes pas un narco-état"
En parallèle, le pouvoir a organisé dans l'après-midi une marche qui s'est terminée devant le siège des Nations Unies dans la capitale. Les manifestants ont rejeté la présence des navires de guerre américains proches des eaux territoriales et les accusations de narcotrafic lancées par le président américain Donald Trump.
"Nous ne sommes pas un narco-état, nous sommes bolivariens", pouvait-on lire sur l'une des pancartes brandies lors du rassemblement. "Nous voulons dire (...) à M. Trump qu'il retire ses navires (et) ses batteries de missiles, car ce n'est pas un pays narcotrafiquant, c'est un pays qui lutte contre le narcotrafic", a déclaré à l'AFP Manuel Ladera, un travailleur aéroportuaire de 62 ans.
Le pouvoir accuse régulièrement l'opposition de complots réels ou imaginaires. Caracas et Washington ont rompu leurs relations diplomatiques en 2019 et l'ambassade américaine à Caracas est déserte à l'exception de quelques employés.
Maria Corina Machado, réfugiée à l'ambassade américaine ?
Sur les réseaux sociaux, circule depuis des semaines une rumeur selon laquelle la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado, dans la clandestinité depuis la présidentielle de juillet 2024, a trouvé refuge dans l'ambassade américaine. L'intéressée n'a jamais révélé à l'AFP où elle se trouvait et aucune autorité vénézuélienne ou américaine n'a confirmé ces rumeurs.
Cependant, le puissant ministre de l'Intérieur et de la Justice, Diosdado Cabello, avait laissé entendre mi-septembre que Maria Corina Machado se trouvait dans les locaux de l'ambassade américaine. "Elle est à Valle Arriba, dans une grande maison, où ils disent qu'il n'y a personne, mais il y a quelqu'un (...) mais ne le dites à personne parce que c'est un secret", avait-il ironisé. L'ambassade des États-Unis est justement située dans la zone de Valle Arriba.
L'opposition revendique la victoire à la présidentielle de 2024, criant à la fraude. La réélection de Nicolas Maduro n'a pas été reconnue par Washington, ni par une grande partie de la communauté internationale.
Vendredi, Washington, qui a déployé des navires militaires dans la mer des Caraïbes dans le cadre d'un opération anti-drogue, a lancé une nouvelle frappe sur un bateau de narcotrafiquants présumés au large des côtes du Venezuela, tuant quatre personnes. Cela porte à au moins quatre les frappes visant de telles embarcations, faisant au moins 21 morts.
Nicolas Maduro a dénoncé vendredi une "agression armée" des États-Unis, accusant Washington d'utiliser le trafic de drogue comme un faux prétexte "pour imposer un changement de régime" et s'emparer des réserves de pétrole parmi les plus importantes au monde.
Avec AFP