Condamné en comparution immédiate à une peine de six mois de prison, le 22 septembre dernier, Al-Baghdadi al-Mahmoudi (photo) a été acquitté mardi par la justice tunisienne. Il était poursuivi pour être entré illégalement dans le pays.
AFP - L'ancien Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi condamné le 22 septembre à six mois de prison pour entrée illégale en Tunisie a été acquitté mardi en appel par la justice tunisienne, qui a déjà innocenté il y a deux semaines pour les mêmes motifs un autre poids lourd du régime, le commandant Khouildi Hamidi.
L'ancien Premier ministre de Kadhafi et deux de ses co-accusés ont été acquittés par le tribunal d'appel de Tozeur (450 km de Tunis) devant lequel ils ont comparu mardi, ont indiqué à l'AFP les avocats de la défense.
Ce verdict a été ensuite confirmé, sans plus de précisions par le porte-parole du ministère de la Justice Chokri Nafti.
L'ancien dignitaire a comparu devant ce tribunal avec deux co-accusés, en l'occurence son neveu Karim Al-Mahmoudi et Fethi Hamel, un ressortissant libyen revendeur de véhicules, a précisé son avocat Aref Rouis, joint par téléphone à Tozeur.
La défense a plaidé la relaxe de l'ancien dignitaire libyen faisant valoir l'absence d'infraction à la législation tunisienne, a indiqué un autre avocat de la défense Abdelbasset Bouhouli.
Cet avocat a expliqué que le passeport de l'ex-Premier ministre libyen avait été bien tamponné par les services tunisiens et "s'il y a eu irrégularités douanières elles ne concernent que la police des frontières libyenne".
Premier ministre jusqu'aux derniers jours du régime Kadhafi, M. Al-Mahmoudi avait été arrêté mercredi dernier près de l'oasis de Tamaghza (sud-ouest), à la frontière avec l'Algérie en compagnie de ses deux co-accusés.
Me Rouis, qui avait plaidé "la nullité des poursuites" contre son client, a précisé avoir demandé aux autorités tunisiennes de s'abstenir d'extrader l'ancien dignitaire libyen et de l'autoriser soit à séjourner en Tunisie ou à rejoindre l'Algérie.
Diabétique et souffrant d'hypertension, l'homme avait franchi la frontière par un chemin non contrôlé, près de Ras Jdir, évitant le point de passage frontalier aux mains des insurgés anti-Kadhafi, "par peur de représailles", a indiqué cet avocat.
L'ancien Premier ministre avait été appréhendé alors qu'il circulait avec ses deux compagnons à bord d'un 4X4 dans une région désertique du sud tunisien.
En première instance, les trois hommes avaient été condamnés en vertu d'une loi de 1968 qui prévoit entre un mois et une année de détention pour le chef d'accusation de franchissement illégal de la frontière.
M. Al-Mahmoudi est le deuxième haut dignitaire libyen à être confronté à la justice tunisienne depuis l'effondrement du régime du colonel Kadhafi, en fuite depuis la chute de Tripoli le 23 août.
Le 7 septembre, le commandant libyen Khouildi Hamidi qui a participé au coup d’Etat de 1969 en Libye et dirigé les renseignements militaires du pays, avait avait été interpellé à l'aéroport de Tunis-Carthage alors qu'il s'apprêtait à prendre un vol pour Casablanca, au Maroc.
Jugé pour le même chef d'inculpation d'entrée illégale en Tunisie, ce commandant a aussi bénéficié d'un non lieu le 13 septembre, confirmé le 22 septembre en appel.
"Les magistrats ont fait preuve d'indépendance dans ces deux affaires non dépourvues de connotation politique", a jugé un chroniqueur judicaire.
Limitrophe de la Libye, la Tunisie a constitué une voie de passage ou de séjour pour les Libyens depuis le début du conflit mi-février.
Outre des milliers de réfugiés, des dirigeants du régime de Kadhafi, des représentants de la rébellion et des diplomates étrangers y ont séjourné et mené des négociations pendant les six premiers mois du conflit.