
Le festival Printemps du cinéma arabe, premier du genre, se déroule à Paris du 15 au 18 septembre. Une cinquantaine de documentaires et de fictions, tournés en Égypte, Tunisie, Syrie et au Maroc sont projetés en présence des réalisateurs.
Les révolutions arabes n’ont pas encore abouti à l’instauration de régimes démocratiques et de gouvernements stables, qu’elles inspirent déjà le cinéma. "Tahrir" de Stefano Savona et "Histoire d’une révolution" de Nagy Ismaïl pour l’Égypte, "Laïcité Inch’Allah" de Nadia El Fani pour la Tunisie, "La longue nuit" d’Haitham Hakki pour la Syrie, les films de ces réalisateurs et réalisatrices sont aujourd’hui à l’honneur du "Printemps du Cinéma Arabe", festival qui débute cette année et qui se tient à la salle de cinéma La Clef, à Paris.
L’Association du Cinéma Euro Arabe qui organise le festival a été fondée par des anciens responsables du pôle cinéma de l’Institut du monde arabe, au début de 2011. "Depuis longtemps, nous voulions continuer à montrer le meilleur du cinéma arabe à Paris, et les récents événements nous ont bousculés. En face des révolutions en Tunisie et en Égypte, on ne pouvait pas rester sans rien faire", explique Josy Perceval, secrétaire générale de l’ACEA.
L’équipe du festival a amorcé un énorme travail de recensement des films de la révolution, qu’ils soient des long-métrages présentés par des réalisateurs aguerris, ou des documentaires et des court-métrages proposés par des jeunes qui se lancent dans l’exercice. "Nous avons eu la chance de trouver des petits films, faits par des jeunes, qui montrent la révolution avec une esthétique nouvelle, hors du classicisme", s’enthousiasme Josy Perceval. Parmi eux, "Histoire d’une révolution", de l’Égyptien Nagy Ismaïl, un conte d’une durée de 11 minutes sur un poème de Ahmad Haddad, ou encore "Les Bottes du général" du Syrien Akram Agha, petit film d’animation produit en 2008.
Une cinquantaine de fictions et de documentaires ont trouvé leur place dans ce premier festival du Printemps du cinéma arabe. "Tahrir" de l’Italien Stefano Savona suscite beaucoup d'intérêt. Projeté au festival international de Locarno, en Suisse, le documentaire sera présenté au New York Film Festival début octobre. Stefano Savona s’est rendu sur la place Tahrir le 29 janvier, soit quatre jours après le début des rassemblements des révolutionnaires égyptiens. Il connaissait déjà bien le pays pour y avoir séjourné chaque année, depuis le début des années 90, par amour pour l’archéologie, métier qu'il a pratiqué, et la culture du pays. Il a noué des amitiés et appris les rudiments de la langue arabe. Fin janvier, il vit avec les révolutionnaires et filme le quotidien à l’aide d’un appareil photo Canon. "J’étais très discret, contrairement aux équipes de télévision avec leur matériel volumineux, et j’ai pris le temps de filmer les conversations longues et les mouvements de foule. Je n’étais pas certain que j’en ferais un film, avec le petit matériel que j’avais… le résultat m’a étonné moi-même !"
Sont projetés durant le festival, non seulement les films témoins des révolutions égyptienne et tunisienne, mais aussi ceux annonciateurs du soulèvement syrien tels que "Pour un petit morceau de gâteau", de Hala Mohamed, qui décrit l’état psychologique de trois intellectuels syriens anéantis par des années de détention, date de 2006 ; "La longue nuit", scénarisé et produit par Haitham Hakki et réalisé par Hatem Ali en 2009. Ce film syrien imagine le traumatisme des prisonniers politiques des années 90 qui retrouveraient leurs familles après vingt années d’absence. "Les Syriens qui ont vu ce film sont bouleversés par son côté prémonitoire, on dirait qu’il parle de l’avenir", décrit Haitham Hakki. Le long-métrage, censuré par Damas, n’a été projeté qu'à l'occasion de festivals étrangers.
Le festival "Printemps du cinéma arabe" a lieu au cinéma La Clef, dans le 5e arrondissement de Paris, du 15 au 18 septembre.