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L'avion militaire A400M d'Airbus ne sera pas livré avant fin 2012

Le groupe européen de défense et d'aéronautique EADS ne pourra pas livrer son futur avion de transport militaire, leA400M d'Airbus en 2009 et a repoussé la date à fin 2012 au grand damne de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne.

AFP - Après les retards à répétition de livraison de l'A380, le groupe européen de défense et d'aéronautique EADS doit faire face à ceux de l'A400M, son futur avion de transport militaire, qui suscitent la lassitude de certains clients.

Face à l'impatience de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, qui espéraient initialement pouvoir renouveler à partir de 2010 leur flotte arrivant en fin de vie, le Sénat français a prévenu mardi qu'un abandon du programme serait la "ruine de l'Europe de la défense".

Les premiers exemplaires de l'A400M ne devraient être livrés que fin 2012, au lieu de fin 2009.

"Si nous ne sommes pas capables de mener ce programme à son terme, nous faisons un véritable cadeau à l'aéronautique américaine", a lancé Josselin de Rohan, président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, lors d'une conférence de presse.

"L'abandon d'un tel projet serait en contradiction totale avec les objectifs suivis par les plans de relance dans l'Union européenne pour faire face à la crise. Actuellement, 30.000 personnes travaillent sur ce dossier en Europe", a souligné Jean Arthuis, président de la Commission des Finances.

L'abandon du programme serait catastrophique pour EADS, chargé du projet, et l'application rigide du contrat en matière de pénalités de retard reviendrait à "punir" l'industriel, estime le Sénat.

EADS s'est "félicité du soutien apporté par les sénateurs français" et a "réaffirmé son engagement total à mener à bien le programme de l'A400M".

Pour les parlementaires, "il paraît nécessaire de renégocier le contrat", ce que veut également EADS, maison mère d'Airbus. "Avec les conditions de contrat actuelles, nous avons tous les ingrédients d'un désastre", avait déclaré le 15 janvier Thomas Enders, patron de l'avionneur Airbus, qui a repris en main en décembre le programme auparavant géré par Airbus Military, basé en Espagne.

De fait, le programme, lancé en 2003, cumule les handicaps. Le contrat a été négocié avec un prix de vente fixé une fois pour toutes et des pénalités de retards contrairement aux contrats militaires classiques. "EADS n'a pas réalisé à temps qu'un avion de transport tactique n'était pas un +avion de transport civil peint en vert+", assène le Sénat.

Et le délai imparti au constructeur - six ans et demi pour livrer le premier appareil - est bien court comparé aux autres engins de ce type, souvent réalisés en douze ans, relève le Sénat.

Les parlementaires ont envoyé mardi leur rapport au président Nicolas Sarkozy pour qu'il "mette toute son influence pour que le programme soit mené à son terme" et convainque de son bien-fondé la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Gordon Brown.

Courant février, l'Organisation européenne de coopération en matière d'armement (OCCAR) --dans lequel les sept pays acheteurs de l'A400M (Allemagne, France, Espagne, Grande-Bretagne, Turquie, Belgique et Luxembourg) sont regroupés-- doit communiquer un diagnostic sur le programme, après audition des industriels.

Les parlementaires n'étaient pas en mesure de chiffrer le surcoût engendré par le retard. Selon Le Figaro paru mardi, il serait d'environ 5 milliards d'euros, ce qu'a démenti EADS.

"Aucune indication ne peut être donnée à ce jour, au delà de la provision déjà prise de 1,7 milliard d'euros pour EADS", tant que le plan industriel "n'est pas stabilisé et tant que les discussions avec l'OCCAR ne sont pas achevées", a dit le groupe.