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Plus de 5 000 personnes ont rendu hommage lundi aux victimes de la manifestation de samedi, à l'appel du maire destitué Andry Rajoelina. De son côté, la ministre de la Défense a démissionné pour dénoncer la mort des 28 Malgaches.

Retrouvez sur le site des Observateurs : "Pillages à Madagascar, notre Observateur raconte"

AFP - La ministre de la Défense de Madagascar a démissionné pour dénoncer la mort de 28 personnes lors d'une manifestation d'opposants à Antananarivo, où plus de 5.000 personnes ont rendu lundi hommage dans le recueillement aux victimes à l'appel du maire destitué Andry Rajoelina.

Un peu plus tôt, le Conseil des ministres avait avalisé la démission de la ministre de la Défense, en nommant son successeur, le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo, jusqu'à présent directeur de cabinet militaire auprès de la présidence.




"Selon ce qui avait été convenu au niveau du gouvernement, les forces de l'ordre étaient censées protéger la population et ses biens", a écrit la ministre de la Défense Cécile Manorohanta, dans un texte daté de dimanche ajoutant: "Après tout ce qui s'est passé, je décide de ne plus faire partie de ce gouvernement à partir de ce moment".

Au moins 28 personnes ont été tuées et 212 blessées samedi à Antananarivo par la garde présidentielle qui a tiré sans sommation sur les partisans du maire destitué de la capitale, engagé dans une épreuve de force avec le régime.

La garde présidentielle a tiré sur la foule qui marchait sur le palais abritant le bureau du président dans le centre d'Antananarivo.

Lundi, la presse malgache, étalait en Une une indignation quasi-unanime: "Bain de sang", "carnage", "boucherie".

En tout, une centaine de personnes ont été tuées à Madagascar dans les violences qui ont émaillé depuis le 26 janvier le bras de fer entre M. Rajoelina - démis de ses fonctions de maire par le gouvernement - et le président Marc Ravalomanana.

Dans le même temps, la communauté internationale, peu écoutée jusqu'à présent, poursuivait ses efforts pour éviter que la situation ne dégénère encore plus et tenter d'organiser un dialogue entre MM. Rajoelina et Ravalomanana.

L'émissaire dépêché à Madagascar par le secrétaire général de l'ONU a réclamé lundi "une solution pacifique et démocratique" à la crise lors d'un entretien avec le chef de l'Etat, a indiqué un communiqué de la présidence malgache.

L'émissaire de l'ONU, Haïlé Menkerios, devait également rencontrer M. Rajoelina, selon le communiqué.

L'Union africaine a de son côté annoncé l'envoi imminent d'un émissaire, l'ancien ministre ivoirien des Affaires étrangères Amara Essy, pour essayer d'instaurer un dialogue, en appelant une nouvelle fois les "parties malgaches (...) à la plus grande retenue".

Quant au secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet, il a annoncé qu'il se rendrait mercredi à Madagascar avec une délégation de la Commission de l'océan Indien (Comores, France, Madagascar, Maurice, Seychelles) afin de plaider pour une issue pacifique à la crise.

La fusillade de samedi a profondément choqué les Tananariviens: plus de 5.000 d'entre eux se sont recueillis lundi sur la place du 13-Mai, où étaient exposés les cercueils de quatre des victimes, avant de se disperser dans le calme.

A cette occasion, M. Rajoelina a appelé ses partisans à se rassembler mardi matin sur la place.

La foule avait auparavant accompagné les cercueils dans une procession partie d'un gymnase jouxtant le stade municipal.

"J'étais toujours resté neutre avant samedi, mais plus maintenant", a expliqué Thaina Randrianalison, un étudiant de 26 ans rencontré dans le cortège.

M. Rajoelina, qui s'est autoproclamé en charge de la gestion des affaires du pays, s'est fait le porte-voix du ressentiment d'une partie de la population touchée par des difficultés économiques et attachée au respect des libertés publiques.