Ratko Mladic a comparu pour la première fois devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, ce vendredi. L'ex-chef des Serbes de Bosnie a refusé de plaider coupable ou non coupable des chefs d'accusation dont il est inculpé.
Ratko Mladic, qui se présentait pour la première fois devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye, ce vendredi, a refusé de plaider coupable ou non coupable après la lecture des 11 chefs d’accusation portés contre lui. "Je voudrais lire et comprendre avec mes avocats ces terribles accusations que vous portez contre moi. Ces mots sont monstrueux, je n’en ai jamais entendus de tels précédemment."
En juillet 1995, l’armée de la République serbe de Bosnie, commandée par le général Ratko Mladic, entre dans l’enclave musulmane de Srebrenica, pourtant considérée comme "zone de sécurité" de l’ONU. Exactions, viols, assassinats…
En quelques jours, les hommes de Mladic massacrent plus de 8 000 hommes et adolescents alors que 400 Casques bleus patrouillent dans la région. Les victimes sont principalement des hommes. Les femmes et les enfants ont été évacués en bus. On compte néanmoins quelques enfants et plusieurs dizaines de jeunes filles parmi les victimes.
Ce nettoyage ethnique est considéré comme le pire massacre commis en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 2004, il est qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
Bien qu'il se soit plaint à plusieurs reprises de son état de santé, Ratko Mladic est apparu combatif et avide de se défendre. "J’ai défendu mon peuple, je suis le général Mladic, a affirmé l’accusé. Je n’ai tué personne, ni en Libye ni en Afrique. J’ai défendu mon pays (…)."
L’ancien chef militaire des forces serbes de Bosnie a salué avec arrogance les veuves de Srebrenica venues témoigner au procès. Il a répété son incompréhension de devoir comparaître devant un juge. "Je n’ai à me plaindre que de la procédure. Cela m’irrite lorsque je vois les toges portées par ces gens-là. Je préférerais être tué par un policier américain."
Dans la salle d’audience, un groupe de femmes ayant perdu maris et fils durant le massacre de Srebrenica, en juillet 1995, ont protesté à plusieurs reprises contre l’attitude de Ratko Mladic. "Elles sont intervenues pour traiter Mladic d’assassin et de menteur, raconte Stéphanie Maupas, correspondante à La Haye. Mais elles ont été rappelées à l’ordre par le service de sécurité."
Une procédure longue
Au cours de l'audience, le magistrat s’est informé de la santé de Ratko Mladic. L’accusé s’est plaint d’une mauvaise santé et de stress, et a demandé le huis clos pour donner davantage de détails sur son état physique. Selon son avocat en Serbie, Milos Saljic, celui-ci a été opéré et soigné par chimiothérapie en 2009 pour un cancer du système lymphatique.
Bien que le prévenu ait demandé un délai plus long, le juge néerlandais Alphons Orie a fixé une nouvelle audience au 4 juillet 2011 à 10h, dans la même salle. À cette date, il devra dire s’il plaide coupable ou non. Le procès en tant que tel aura lieu plus tard.
Le dossier comprend 11 chefs d’accusation pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide commis entre 1992 et 1995. Ratko Mladic doit répondre, en tant que chef des opérations des forces serbes de Bosnie, de meurtres, de viols, de pillages, de persécutions et d’actes inhumains perpétrés à l’encontre d’une population ciblée : les musulmans et les Croates de Bosnie. L’ancien général est accusé d’avoir participé à une entreprise criminelle commune, dont l’objectif était de rendre une partie des territoires de Bosnie - ceux convoités par les Serbes - ethniquement pure et uniquement serbe.
"Certains événements seront scrutés avec attention, explique la correspondante de FRANCE 24 à La Haye, Stéphanie Maupas. Tels que les 44 mois du siège de Sarajevo, au cours duquel 10 000 personnes ont été tuées, notamment par les snipers qui visaient les civils depuis les hauteurs de la ville, et le massacre de Srebrenica, en juillet 1995, pendant lequel 7 000 hommes et garçons ont trouvé la mort. Et enfin, l’épuration ethnique dans les villages de Bosnie."