Ce mardi, Sanaa est le théâtre de nouveaux affrontements entre les forces de sécurité et les membres d'une tribu ralliée à l'opposition. Au sud, à Taëz, au moins 50 personnes sont mortes dans des violences depuis dimanche, selon l'ONU.
REUTERS - La trêve observée au Yémen depuis le week-end par les opposants au président Ali Abdallah Saleh et les forces gouvernementales a volé en éclats à Sanaa, où la guerre civile semble plus proche que jamais.
Les grandes puissances exhortent en vain depuis plusieurs jours le chef de l'Etat à renoncer à ses fonctions conformément à un accord de transition politique conclu sous l'égide du Conseil de coopération du Golfe.
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"L'accord de cessez-le-feu est terminé", a déclaré mardi un représentant du gouvernement, ajoutant que les mouvements tribaux hostiles au président Saleh s'étaient emparés d'un bâtiment administratif dans la capitale.
La trêve avait été conclue au terme d'une semaine marquée par des combats d'une violence sans précédent entre membres de la tribu Hached de Sadek al Ahmar et forces de l'ordre, qui ont fait 115 morts.
Plusieurs explosions et des tirs d'armes automatiques ont retenti pendant la nuit de lundi à mardi dans la quartier d'Hassaba, qui avait déjà été le théâtre de violents affrontements la semaine dernière.
Les combats se sont étendus aux faubourgs de Sanaa, où des membres de la tribu Hached ont affronté la Garde républicaine.
L'armée a en outre ouvert le feu sur des manifestants rassemblés à Taëz, l'un des foyers de la contestation, 200 km plus au sud. De sources médicales, on fait état de trois morts au moins.
Appel à manifester dans tout le pays
Selon Navi Pillay, haut commissaire aux droits de l'homme de l'Onu, une cinquantaine de personnes y ont été tuées depuis dimanche.
"Le commissariat de l'Onu aux droits de l'homme a reçu des informations, qui demandent à être pleinement vérifiées, selon lesquelles plus de 50 personnes ont été tuées depuis dimanche par l'armée yéménite, la garde républicaine et d'autres éléments affiliés au gouvernement", dit-elle dans un communiqué diffusé sur internet.
"Ces actes répréhensibles et l'agression sans discernement de civils sans défense par des agents armés des services de sécurité doivent cesser immédiatement", ajoute la diplomate.
L'opposition a lancé un appel à manifester ce mardi dans tout le pays.
A Zinjibar, ville côtière du Sud, les forces gouvernementales épaulées par des civils tentent de repousser les activistes islamistes et autres membres d'Al Qaïda qui ont pris la ville ce week-end. Des corps gisent dans les rues, les locaux de la banque nationale ont été incendiés et des explosions retentissent, rapportent des habitants.
L'Arabie saoudite voisine et les Etats-Unis, tous deux visés par Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), craignent que l'organisation ne profite du chaos.
L'opposition accuse le président Saleh de lui avoir délibérément permis de s'emparer de Zinjibar, ville proche d'une voie maritime où trois millions de barils de pétrole transitent par jour, pour démontrer que sa présence au pouvoir est indispensable à la stabilité du pays.
Selon l'armée, 21 militaires y ont été tués ces trois derniers jours. Au total, 320 personnes ont trouvé la mort au Yémen depuis le début de la contestation, il y a quatre mois.
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