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Un document datant de 2010, publié par l'ONG Global Witness, donne un aperçu de la diversité des investissements réalisés partout dans le monde par le fonds souverain libyen (Libyan Investment Authority) contrôlé par le clan Kadhafi.
Le fonds souverain libyen détenait, en 2010, plus de 53 milliards de dollars d’actifs financiers – gelés depuis mars 2011 - à travers le monde selon un document daté de juin 2010 et obtenu jeudi par Global Witness, une organisation non gouvernementale britannique de lutte, entre autres, contre la corruption. C’est à ce jour, le tableau le plus complet de la fortune que le clan du leader libyen Mouammar Kadhafi a fait fructifier à l’étranger.
Ce rapport détaille par le menu l’argent que la Libyan Investment Authority (LIA) – aux mains des proches du pouvoir – a investi dans des produits financiers proposés par des banques du monde entier, dans plusieurs grands groupes et également dans des bonds du Trésor, notamment américain - à hauteur de près d’1 milliard de dollars.
La principale banque à avoir recueilli les fonds du LIA est la britannique HSBC qui détenait, à cette époque, près de 300 millions de dollars, loin devant Goldman Sachs (43 millions de dollars). En tout, le fonds souverain libyen a déposé plus de 20 milliards de dollars sur des comptes bancaires à travers le monde.
Un rapport souligne un manque de transparence
Les banques concernées ont toutes refusé de commenter ces révélations. "C’est une position absurde car il s’agit d’argent public et les banques en se réfugiant derrière la confidentialité de la relation aux clients dissimulent des informations vitales aux peuples lybien", regrette, dans un communiqué, Charmian Gooch, directrice de Global Witness. L’organisation précise même à FRANCE 24 que ce rapport devrait motiver les gouvernements à changer lois internationales afin de "forcer les banques telles que Goldman Sachs ou HSBC à dévoiler l'origine des fonds souverains qu’ils gèrent."
La Libyan Investment Authority semble, par ailleurs, avoir eu un faible pour les produits financiers spéculatifs. Elle a ainsi parié un peu plus de 3,5 milliards de dollars. La banque française, la Société générale, a été le principal partenaire – à hauteur de 1 milliard de dollars - de ces affaires. Sans beaucoup de succès puisque la valeur d’un des comptes à la Société générale a, par exemple, fondu de plus de 40% notamment à cause de la crise.
Contactée par FRANCE 24, la banque française se refuse à commenter les cas particuliers mais souligne qu’elle travaille "avec de nombreux fonds souverains " et "applique strictement les sanctions internationales en vigueur".
De nombreux investissements en France
Le fonds libyen est également présent dans un grand nombre d’entreprises – comme Nokia, Danone ou Nestlé - à travers des petites participations. Il détient des actions de sociétés françaises telles qu’EDF-GDF (0,83%), du groupe de médias Lagardère (1,19%) ou encore du laboratoire Sanofi-Aventis (0,61%). "En dessous de 15% de participations, il ne s’agit que d’une gestion de portefeuille classique afin de toucher les dividendes en fin d’année et non pas d’investissement politique", souligne Jeremy Carver, membre du conseil d’administration de l’ONG Transparency International, qui lutte contre la corruption. Parmi cette pléiade de participation, la LIA possédait en 2010 tout de même près de 14% de la banque italienne UniCredit.
L’activité du fonds libyen souverain ne "se distingue pas particulièrement de n’importe quel autre fonds souverain", précise Jeremy Carver. Elle démontre seulement, ajoute ce militant, que l’argent n’a pas d’odeur pour les banques et pour les entreprises.
Reste que ces 53 milliards de dollars ne correspondent qu’à une fraction de la fortune attribuée au clan Kadhafi. Il faut y ajouter environ 20 milliards de dollars de biens immobiliers, dont une grande part se trouve au Royaume-unI, selon la chaîne britannique BBC. "Il ne faut pas non plus oublier l’argent personnel de Mouammar Kadhafi qui doit également être dispersé un peu partout dans le monde et dont on cherche la trace", ajoute Jeremy Carver.