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Alors que les sondages prévoient une large défaite pour les socialistes espagnols lors des élections locales prévues ce dimanche, une mobilisation sans précédent agite le pays. Ce mouvement, très suivi, suscite la convoitise des conservateurs.
AFP - Les socialistes espagnols sont en passe de subir une lourde défaite face à la droite aux élections locales de dimanche, sanctionnés pour la crise et un chômage record qui ont soulevé un vent inédit de rébellion sociale à travers tout le pays.
A dix mois des législatives, 13 des 17 régions autonomes élisent leur Parlement et toutes les communes d'Espagne leurs conseils municipaux, au moment où des milliers de manifestants, à l'appel des réseaux sociaux, se relaient dans les rues pour crier leur lassitude de la crise et du chômage.
Le mouvement, inattendu, spontané, mêlant des citoyens de tous horizons, beaucoup de jeunes, des salariés, des chômeurs et même des retraités, a fait irruption dans la campagne électorale, suscitant la convoitise de l'opposition conservatrice et le malaise des socialistes.
Au point que le dernier meeting socialiste, vendredi à Madrid, a dû être déplacé: la Plaza Mayor, où il était prévu, a été jugée trop proche de la Puerta del Sol, où les manifestants rassemblés sous le mot d'ordre "Une vraie démocratie, maintenant!" ont dressé leur campement.
Le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, a assuré jeudi qu'il trouvait "des raisons" à ce mouvement.
"On doit écouter et être sensible parce qu'il y a des raisons pour que s'exprime ce mécontentement", a-t-il dit. "A partir de là, nous devons consolider, améliorer (...) Les partis doivent-ils s'améliorer? Bien sûr que oui".
Les cibles du mouvement sont diverses - les grands partis politiques, la corruption, les banques, la crise...
Le discours, peu structuré, trahit à coups de slogans comme "nous avons le droit de nous indigner", la frustration de millions d'Espagnols victimes de la crise, des coupes salariales, du chômage qui ne cesse de grimper avec un taux record de 21,19% au premier trimestre.
Ce climat morose a valu depuis deux ans au Parti socialiste, au pouvoir depuis 2004, une chute libre dans les sondages, qui devrait se concrétiser dimanche par une débâcle face aux conservateurs du Parti Populaire.
L'annonce le 2 avril par M. Zapatero qu'il ne se présenterait pas pour un troisième mandat aux législatives de mars 2012, semble être restée sans effet.
Une partie des socialistes misait alors sur son départ pour créer une nouvelle dynamique dans le parti, qui va devoir se choisir un chef de file, probablement le ministre de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba ou la jeune ministre de la Défense Carme Chacon.
"L'effet de l'annonce de Zapatero sera très limité", "son usure est très importante", estime l'analyste politique Josep Ramoneda. Les socialistes "ne parviendront pas à s'affranchir de ce vote sanction", ajoute-t-il.
Selon lui, l'Espagne "vit une crise morale et politique très profonde, avec des candidats inculpés dans de graves affaires de corruption, ce qui est un désastre moral, et un chômage des jeunes à 43%, ce qui signifie la destruction d'une génération entière".
Les enquêtes d'opinion par ville ou par région annoncent toutes la déroute des socialistes qui, au lendemain du 22 mai, pourraient ne plus contrôler qu'une des 17 régions espagnoles, l'Andalousie, et perdre des fiefs historiques comme la région de Castille-la-Manche ou l'Extrémadure.
Barcelone, la deuxième ville d'Espagne tenue depuis 32 ans par les socialistes, devrait basculer aux mains des nationalistes conservateurs de la CiU et Séville, quatrième ville du pays, être remportée par le PP tandis que Madrid et Valence resteraient à droite.
34,6 millions d'électeurs sont appelés à élire 8.116 maires, plus de 68.400 conseillers municipaux et 824 députés régionaux.
Seuls 13 des 17 Parlements autonomes seront renouvelés, la Catalogne, le Pays Basque, la Galice et l'Andalousie votant à d'autres dates.