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L'administration Obama face aux révoltes du monde arabe

À l'occasion d'un grand discours prononcé ce jeudi par Barack Obama sur le monde arabe, France24.com dresse un état des lieux de la politique arabe des États-Unis depuis le début des révoltes qui secouent le Moyen-Orient et le Maghreb.

"Je suis venu ici en quête d’un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l’intérêt et le respect mutuels". Cette phrase prononcée en juin 2009 par le président  Obama, lors de son célèbre discours du Caire, devait marquer une rupture avec la politique de George W. Bush. Deux ans plus tard, le prix Nobel de la paix 2009 doit de nouveau prononcer un discours très attendu sur le monde arabe, ce jeudi au département d’Etat à Washington. Cette prise de parole est pour lui "l'occasion de prendre un peu de recul et d'analyser ce dont nous avons été témoins", depuis le début de l'année, a précisé mardi le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.

Obama et le printemps arabe

Quatre mois après le début du printemps arabe qui redistribué les cartes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et quelques semaines après l’élimination d’Oussama Ben Laden, les Etats-Unis tentent de s’adapter à un contexte régional en pleine mutation. Non sans un succès relatif.

"Une fois l’effet de surprise passé, l’administration Obama a su réagir rapidement et accompagner, tant bien que mal, ce tsunami démocratique en Tunisie et surtout en Egypte, où l’influence américaine a été décisive pour écarter le président Moubarak", explique Khattar Abou Diab, politologue et professeur à l'université Paris-XI. Cette diplomatie, aux antipodes de celle de son prédécesseur, "porte le sceau d’Obama", qui, si l’on se réfère à son discours du Caire, "avait misé dès 2009 sur la jeunesse arabe, en s’adressant directement à elle", poursuit le politologue.

Pour confirmer cet engagement à l’égard de mouvements teintés d’aspirations démocratiques, le président Obama devrait dévoiler un plan d'aide de plusieurs milliards de dollars pour l'Égypte et à la Tunisie. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d'un plan de soutien aux réformes démocratiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ont annoncé mercredi des responsables américains. "Les Américains ont toujours manifesté un grand intérêt pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Face à une Union européenne qui peine à trouver une position commune, Obama prend les devants pour soutenir cette période transitoire qui est capitale pour ces pays en quête de stabilité, notamment au plan économique", relève Khattar Abou Diab.

Message brouillé

Le discours de jeudi devrait apporter quelques précisions d’ordre stratégique. Car si elle a épousé la cause des révolutions tunisiennes et égyptiennes, l’administration Obama a

réagi au cas par cas au "printemps arabe" - Syrie, Libye, Yémen. Au risque de brouiller son message, notamment en épargnant ses alliés traditionnels du Golfe, où des mouvements ont été réprimés au Bahreïn et à Oman, sans que Washington ne réagisse pour autant. "L'une des principales difficultés pour Obama va être de faire sens pour les millions de personnes dans le monde arabe qui espèrent le changement, sans fâcher davantage des alliés importants des Etats-Unis dans le Golfe ayant tout intérêt à maintenir l'actuel statu quo", explique Haïm Malka, expert ès Moyen-Orient au Centre pour les études internationales et stratégiques (CSIS), interrogé par l’AFP.

Enfin, la question épineuse du conflit israélo-palestinien empoisonne toujours la diplomatie arabe de Washington. Pour preuve, George Mitchell, émissaire américain dans la région, a fini par démissionner la semaine dernière faute de progrès sur la voie de la paix. dans l'intervalle, le Hamas, ennemi juré des Israéliens, s'est réconcilié avec le Fatah du président Mahmoud Abbas, compliquant un peu plus la tâche des Américains.

Par ailleurs, le discours prononcé jeudi intervient en pleine recrudescence des efforts diplomatiques en vue d’une reprise des négociations de paix, avec des visites cette semaine à la Maison Blanche du roi Abdallah II de Jordanie et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. "La responsabilité des Etats-Unis est énorme concernant la question palestinienne. Si Obama ne parvient pas à trouver de solution, les acquis du printemps arabe seraient remis en cause par la persistance de ce foyer de tensions", constate Khattar Abou Diab. À quelques mois du début de la campagne électorale américaine, le président Obama se doit d'agir, faute de quoi cet éventuel échec pourrait rester comme "une tâche" sur son bilan.