Pour nombre de capitales occidentales, Oussama Ben Laden a dû bénéficier de soutien au Pakistan. Interrogé par FRANCE 24, le Premier ministre pakistanais, Youssouf Raza Gilani, se défend d'avoir eu connaissance de la cache du terroriste.
Le Pakistan était-il au courant de la présence d’Oussama Ben Laden sur son sol ? La question taraude les dirigeants occidentaux depuis le raid américain qui a conduit à la mort du chef d’Al-Qaïda dans la nuit du 1er au 2 mai. L’ennemi public numéro un vivait depuis plusieurs mois voire plusieurs années près d’un centre militaire à Abbottabad, dans le nord du pays. Se peut-il alors qu'Islamabad ait protégé l’homme le plus recherché au monde ?
Le Premier ministre pakistanais, Youssouf Raza Gilani, de passage à Paris, s'en défend. "Dire que Ben Laden était là depuis des années relève de la pure spéculation, a-t-il déclaré dans une interview à FRANCE 24. Je ne sais pas quand il est arrivé sur le territoire. Aucun service de renseignement n’a partagé d’informations à ce sujet avec nous."
Soucieux de désamorcer la polémique, le chef du gouvernement pakistanais rejette les suspicions de collusion de ses services avec les milieux terroristes. "L’armée et les services secrets ont été vigilants. Nous n’avons pas commis d’erreurs, insiste-t-il. J’ai confiance en mes institutions. L’ISI [les services secrets pakistanais, NDLR] n’a ni joué un double jeu, ni caché des informations."
"Les États-Unis apprécient l’aide des Pakistanais dans la lutte contre le terrorisme"
Comment se fait-il alors que les autorités locales n’aient pas décelé la présence du terroriste qui résidait à seulement quelques kilomètres d’un complexe militaire ? Ben Laden a-t-il bénéficié de soutien ? Autant de questions qui ont convaincu les États-Unis de faire cavalier seul dans le dernier acte de la traque de Ben Laden.
"Je pense qu'il est inconcevable que Ben Laden n'ait pas bénéficié d'un système de soutien dans le pays qui lui a permis de rester là pendant longtemps", résumait, mardi, le responsable antiterroriste de la Maison Blanche, John Brennan.
Des accusations que Youssouf Raza Gilani balaie d'un revers de la main. "Quel que soit le discours de Barack Obama, les Américains ont apprécié la collaboration des Pakistanais dans la lutte contre le terrorisme. Ils savent que des cibles importantes ont été arrêtées grâce aux autorités pakistanaises sur le sol pakistanais", se défend-t-il.
"L’ISI et la CIA travaillent régulièrement ensemble"
À la question de savoir si ce raid constitue une atteinte à la souveraineté de son pays, le Premier ministre pakistanais répond, cinglant, qu'il y bel et bien eu "violation du territoire" cette nuit du 1er au 2 mai. "Nous aurions préféré que les informations concernant le raid soient transmises aux autorités du pays". Et de répéter : "quelles que soient les informations qui ont circulé au sujet de Ben Laden, personne ne les a partagées avec nous".
Malgré la méfiance américaine, Gilani assure que les relations entre les deux pays sont au beau fixe. "Nous avons d’excellents rapports, l’ISI et la CIA travaillent régulièrement ensemble, assure-t-il. Il n’y a aucun doute sur le fait que notre collaboration dans la lutte contre le terrorisme va continuer. Nous sommes amis et nous combattons un ennemi commun."
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