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La rue rejette massivement le plan de sortie de crise du CCG

Alors que le parti du président yéménite Saleh a accepté le plan de sortie de crise du Conseil de coopération du Golfe - qui prévoit son départ d'ici un mois -, la rue rejette l'initiative et appelle au départ immédiat du chef de l'État.

AFP - Le parti du président yéménite Ali Abdallah Saleh a accepté un plan de sortie de crise des pays du Golfe, après un "oui mais" de l'opposition, mais cette initiative se heurte au rejet des manifestants qui exigent un départ immédiat du chef de l'Etat.

"Nous rejetons catégoriquement toute initiative qui ne prévoit pas le départ immédiat du (président) Saleh et de sa famille", a affirmé dimanche, dans un communiqué, la coordination des mouvements de jeunes qui encadrent le sit-in de la place de l'Université de Sanaa.

Le texte affirme que l'opposition, qui a accepté sous condition le plan du Golfe, "ne représente qu'elle même" et l'invite à "s'abstenir de tout dialogue avec le régime, à demander le départ immédiat de Saleh et son jugement".

L'opposition parlementaire, réunie au sein du Forum commun, a indiqué samedi qu'elle acceptait ce plan à l'exception d'un point prévoyant la formation, avec la participation de M. Saleh, d'un gouvernement de réconciliation nationale.

La coordination a appelé les manifestants à "amplifier leurs revendications et à fixer l'heure de la chute du régime", qu'elle accuse de "mentir (...) et de constituer un danger pour le peuple yéménite et l'ensemble de la région".

"Il y a un consensus sur le rejet de cette initiative", a déclaré pour sa part à l'AFP Abdel Malik Al-Youssoufi, l'un des chefs des manifestants à Sanaa qui campent en permanence près de l'Université.

Ce sit-in, comme d'autres à travers le Yémen, est animé par des jeunes très déterminés qui ne déclarent pas de préférence partisane et semblent agir indépendamment des partis politiques traditionnels.

"L'initiative du Golfe traite le problème comme s'il s'agit d'une crise entre deux partis politiques alors que nous sommes descendus dans la rue pour demander un changement global", a ajouté M. Youssoufi.

Ahmed al-Wafi, un autre leader de la contestation à Taëz, deuxième ville du pays dans le sud-ouest, a estimé que le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, ne cherchait qu'"à gagner du temps".

Le parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG), a accepté samedi le plan de sortie de crise présenté par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) prévoyant un départ d'ici quelques semaines du président Saleh.

Le texte du plan, obtenu dimanche par l'AFP, prévoit l'immunité pour le président et ses collaborateurs, une fois qu'il aura quitté le pouvoir.

Les Etats-Unis, pour lesquels un Yémen stable est essentiel dans la lutte contre Al-Qaïda, ont aussitôt salué le plan proposé et pressé toutes les parties de mettre en oeuvre "rapidement" la transition politique.

"Nous applaudissons les annonces par le gouvernement yéménite et l'opposition qu'ils acceptent l'initiative du CCG pour sortir de la crise politique pacifiquement et de manière ordonnée", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney dans un communiqué.

Les pays du CCG, inquiets de la crise yéménite qui dure depuis fin janvier et a fait plus de 130 morts selon des sources médicales, ont proposé un plan de sortie de crise prévoyant un gouvernement dirigé par l'opposition et l'immunité pour le président Saleh.

Une fois le plan accepté, M. Saleh charge l'opposition de former, dans un délai d'une semaine, un gouvernement de réconciliation nationale.

Au 29e jour de la mise en application de l'accord, la Chambre des députés approuve une loi accordant l'immunité au président et à ses collaborateurs.

M. Saleh démissionne ensuite en faveur du vice-président qui aura à organiser, dans un délai de 60 jours, une élection présidentielle.

Le Parlement élabore ensuite une nouvelle constitution qui sera soumise à référendum et suivie par des législatives.