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Bagdad doit enquêter sur de possibles fraudes électorales

Après les contestations, notamment formulées dans la province d'Al-Anbar, la commission électorale a promis de lancer une enquête. Des résultats préliminaires sont attendus jeudi. Les résultats définitifs doivent tomber à la fin du mois.

Reuters - La commission électorale irakienne enquête sur des plaintes pour fraudes importantes dans la province d'Anbar où des chefs tribaux sunnites contestent les résultats du scrutin provincial, a déclaré mercredi à Reuters un haut responsable électoral irakien, Faradj al Haïdari.

Dans l'ensemble, les élections provinciales de samedi dernier ont été les plus paisibles en Irak depuis la chute de Saddam Hussein, en 2003.

Mais l'Anbar, dans l'ouest du pays, a été le théâtre de tensions entre les tribus sunnites participant pour la première fois au scrutin et les partis politiques qui dirigent la province depuis des années.

"Certaines de ces plaintes sont graves" et pourraient altérer l'issue du scrutin, a dit Faradj al Haïdari, ajoutant que la commission électorale indépendante envisage d'envoyer des responsables sur le terrain aux fins d'enquête.

Bien que les résultats préliminaires ne soient pas attendus avant jeudi, différents partis ont déjà revendiqué la victoire.

Partisans et adversaires du Premier ministre Nouri al Maliki disent que sa coalition Etat de Droit at créé la surprise par ses bons résultats dans le sud du pays, fief de partis chiites tels que le Conseil suprême islamique irakien (ISCI).

L'influence de Maliki pourrait dès lors s'en trouver renforcée avant les élections législatives prévues cette année.
 

Au coeur de l'insurrection

Maliki, qui appartient lui aussi à la majorité chiite, a rencontré d'autres dirigeants chiites avant l'annonce officielle des résultats préliminaires. Il a vu mardi Abdoul Aziz al Hakim, chef du ISCI, et mercredi le grand ayatollah Ali al Sistani, autorité religieuse chiite la plus influente du pays.

L'Anbar semble être l'un des rares endroits où des différends électoraux ont donné lieu à des menaces de recours à la violence. Cette province se trouvait au coeur de l'insurrection sunnite jusqu'à ce que des unités soutenues par les tribus, les Conseils d'éveil, chassent al Qaïda, en 2006-07.

Les chefs des Conseils d'éveil ont menacé de prendre les armes pour protester contre des fraudes électorales dont ils accusent le Parti islamique irakien (PII), premier parti sunnite qui contrôle la province d'Anbar depuis les élections de 2005 boycottées dans l'ensemble par les sunnites.

Les dirigeants du PII ont jugé les menaces des Conseils d'éveil "non civilisées et illégales".

Un couvre-feu d'une nuit a été imposé dans la province d'Anbar et Maliki y a envoyé un émissaire chargé de rencontrer les forces de sécurité et de lancer un appel au calme.

Le cheikh Ahmed Abou Richa, chef d'un Conseil d'éveil, a déclaré à Reuters que le gouvernement de Maliki et les autorités électorales lui avaient demandé d'éviter les affrontements avec le PII. La commission électorale a promis de ne tolérer aucune fraude, a-t-il ajouté.

Si les résultats préliminaires sont attendus jeudi, les résultats définitifs ne devraient pas être publiés avant la fin du mois, lorsque les autorités électorales auront fini d'enquêter sur toutes les plaintes.