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Le pape somme l'évêque Williamson de renier ses propos

Au lendemain des critiques formulées par Angela Merkel à l'encontre de Benoît XVI, le Vatican a demandé à l'évêque Williamson de "prendre ses distances" avec ses déclarations s'il souhaitait être admis aux fonctions épiscopales.

AFP - La question du mode d'exercice du pouvoir par le pape Benoît XVI est pour la première fois ouvertement posée au Vatican après les remous provoqués dans le monde entier par la levée de l'excommunication de l'évêque intégriste négationniste Richard Williamson.

L'émotion particulièrement vive en Allemagne, pays natal du pape, où les plaies du passé nazi sont encore vives, a conduit mardi la chancelière Angela Merkel à sortir de sa traditionnelle réserve sur les questions religieuses pour demander à Benoît XVI une "ferme clarification" sur le caractère insupportable de la négation des chambres à gaz.

C'est la première fois depuis le début du pontificat de Benoît XVI en 2005 que le chef de gouvernement d'un pays européen met ouvertement en cause une initiative du chef de l'Eglise catholique.

Le Vatican a donc été contraint mercredi à une nouvelle mise au point pour tenter d'atténuer les effets désastreux de cette mesure, alors que les médias italiens relayaient les critiques inédites de deux cardinaux contre la Curie, le gouvernement de l'Eglise catholique.

Mardi le cardinal allemand Walter Kasper, compatriote de Benoît XVI, a évoqué "des erreurs de management".

Selon des indiscrétions, le cardinal Kasper, chargé des relations avec le judaïsme, n'avait pas été informé au préalable de la levée de l'excommunication des quatre évêques intégristes de la Fraternité sacerdotale saint Pie X (FSSPX) excommuniés en 1988.

Pourtant l'un des points d'achoppement entre l'Eglise catholique et la FSSPX porte sur l'importance du dialogue judéo-chrétien.

Le cardinal autrichien Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, a aussi estimé que "des collaborateurs du Vatican n'y ont pas regardé de très près" et ne se sont pas suffisamment informés sur la personnalité de Richard Williamson.

Celui-ci s'était déjà par le passé fait remarquer par des déclarations à l'emporte-pièce qui auraient dû alerter les membres de la commission, présidée par le cardinal Dario Castrillon Hoyos, chargée par le pape de négocier avec les intégristes.

Mgr Williamson avait déjà nié l'existence des chambres à gaz au Canada il y a une vingtaine d'années, et plus récemment, il avait attribué les attentats du 11 septembre 2001 aux services américains.

"Qui commande (vraiment) au Vatican", se demandait mercredi l'influent journal économique Il Sole-24 Ore, tandis que le journal catholique français La Croix relevait que le pape s'est trouvé "en première ligne, mais sans disposer du gouvernement adapté".

Le vaticaniste Sandro Magister évoquait sur son blog (www.chiesa.it) "un double désastre de gouvernement et de communication" provoqué par "la solitude du pape" et "l'incapacité de la curie".

Quant à Il Giornale, il assure qu'un dossier circule au Vatican mettant en cause "un complot" pour mettre en difficulté le pape.

Ce quotidien avait été le premier à annoncer le 21 janvier la prochaine levée d'excommunication des évêques intégristes.

Ce dossier met en cause "des milieux opposés à la réconciliation avec la FSSPX" disposant de relais au sein de la Curie qui seraient intervenus pour faire diffuser l'interview de Mgr Williamson à la télévision suédoise au moment où le Vatican signait la levée de l'excommunication, selon Il Giornale.