L'ex-président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, inculpé de génocide et de crimes de guerre par la justice internationale, a été arrêté à Belgrade dans la soirée de lundi. La communauté internationale salue la nouvelle.
REUTERS - Radovan Karadzic, ancien président des Serbes de Bosnie recherché pour crimes de guerre, a été arrêté, a fait savoir lundi le secrétariat du président serbe Boris Tadic.
Son arrestation et celle de son chef d'état-major Ratko Mladic ainsi que leur remise au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) est l'une des conditions fixées à Belgrade pour l'obtention du statut officiel de candidat à l'intégration à l'Union européenne.
Arrêté dans la capitale serbe, Karadzic avait été placé sous surveillance il y a plusieurs semaines, après une information transmise par les services de renseignement d'un pays tiers, précise-t-on de source proche du gouvernement. Il était en cavale depuis 1997.
"C'est ce qui pouvait arriver de mieux. On voit des gens faire la fête partout", s'est réjoui Fadil Bico, un habitant de Sarajevo célébrant la fin de la longue cavale du Dr Karadzic, inculpé en juillet 1995 pour le meurtre de 11.000 Bosniaques pendant les 43 mois qu'a duré le siège de la capitale.
L'ex-président des Serbes de Bosnie est également inculpé de génocide pour le massacre, sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, de 8.000 hommes musulmans dans l'enclave de Srebrenica, en juillet 1995.
"L'arrestation de Radovan Karadzic confirme que tous les criminels devront répondre de leurs actes devant la justice", s'est félicitée Munira Subasic, qui préside une association de femmes de Srebrenica.
Le diplomate américain Richard Holbrooke, ancien secrétaire d'Etat adjoint et principal architecte des accords de Dayton, qui ont mis fin en 1995 à la guerre civile, a salué l'arrestation d'un "Oussama ben Laden d'Europe".
REPRÉSAILLES
L'interpellation a été annoncée à la veille d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne qui doivent évoquer le resserrement des liens avec la Serbie après la formation d'un nouveau gouvernement pro-occidental.
Serge Brammertz, procureur en chef TPIY est par ailleurs attendu mardi à Belgrade.
Olli Rehn, commissaire européen à l'élargissement, a vu dans l'arrestation de Karadzic un "jalon" essentiel pour les aspirations de la Serbie à l'adhésion.
"Cette arrestation, longtemps attendue, manifeste clairement la volonté du nouveau gouvernement de Belgrade de rapprocher la Serbie de l'Union européenne, en contribuant à la paix et à la stabilité des Balkans", se félicite le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy, président en exercice du Conseil européen, dans un communiqué "Karadzic a été repéré et arrêté", dit le communiqué de la présidence serbe sans autre précision.
L'endroit où il se cachait a fait l'objet de multiples spéculations. Les Occidentaux ont longtemps soupçonné Belgrade de rechigner à le rechercher.
Une procédure d'identification officielle est en cours, avec notamment une analyse ADN, et il devrait rencontrer des enquêteurs dans la nuit. Il devrait être transféré prochainement à La Haye.
"Il s'agit d'un gage offert à l'UE pour la remercier d'avoir porté le nouveau gouvernement au pouvoir. Karadzic est un héros serbe, il y aura d'importantes représailles", a averti Aleksandar Vucic, membre du Parti radical, formation nationaliste.