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L'armée a tiré sur les manifestants à Manama

La police a ouvert le feu sur des manifestants qui réclamaient des réformes ce vendredi à Manama, la capitale du Bahreïn. On dénombre des dizaines de blessés. Une fois le calme revenu, le prince héritier a promis le dialogue avec l'oppositon.

AFP - L'armée bahreïnie a tiré vendredi sur un millier de personnes qui voulaient reprendre un sit-in à Manama, faisant de nombreux blessés, tandis que le prince héritier promettait un dialogue avec les opposants, une fois le calme revenu dans ce petit royaume du Golfe.

Des dizaines de personnes ont été blessées lorsque des soldats ont ouvert le feu sur des manifestants, selon un photographe de l'AFP.

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La situation à Manama à 17h GMT+1
L'armée a tiré sur les manifestants à Manama

Les manifestants tentaient de se rendre sur la place de la Perle, où les forces de sécurité avaient dispersé par la force jeudi à l'aube un sit-in anti-régime, selon des sources concordantes.

"Au total, 55 blessés, dont quatre grièvement touchés, ont été admis à l'hôpital Salmaniya", a déclaré à l'AFP un élu de l'opposition chiite, Abdel Jalil Khalil Ibrahim. L'un des blessés "est dans un état de mort clinique", a-t-il dit, ajoutant qu'"il a été atteint d'une balle à la tête".

La télévision d'Etat a fait état de "7 blessés légers, dont la plupart ont quitté l'hôpital".

"L'armée a tiré à balles réelles contre plus de mille personnes qui voulaient se rendre sur la place de la Perle", a affirmé un autre élu de l'opposition chiite, Ali al-Assouad.

Le photographe de l'AFP a vu des dizaines de blessés à l'hôpital, victimes de cette première manifestation depuis la dispersion du sit-in jeudi qui a fait quatre morts, selon l'opposition et les familles des victimes.

Les tirs sont survenus alors que le prince héritier, Salman ben Hamad Al-Khalifa, s'exprimait sur la télévision d'Etat pour promettre un dialogue avec l'opposition une fois le calme revenu.

"Je ne fais aucune différence entre un Bahreïni et un autre et ce qui se passe actuellement est inacceptable", a déclaré le prince Salman. "Il faut que notre dialogue se passe dans un calme global", a-t-il affirmé, assurant qu'"aucun sujet ne peut être exclu de ce dialogue".

"Bahreïn connaît aujourd'hui un état de division et c'est inacceptable", a encore martelé le prince.

Le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa a ensuite décidé de charger le prince héritier du "dialogue avec toutes les parties sans exception", y compris l'opposition, en lui accordant pour cela "les prérogatives nécessaires", selon la télévision.

Par une coopération "sincère", "Bahreïn s'en sortira plus forte", a-t-il assuré.

Bahreïn, un petit royaume peuplé majoritairement de chiites est gouverné depuis le 18ème siècle par une dynastie sunnite.

Alors que les chiites enterraient vendredi quatre des leurs tués la veille lors de la répression d'un sit-in pro-démocratie, des milliers de sunnites ont défilé dans Manama pour exprimer leur soutien au roi.

L'opposition a réclamé la démission du gouvernement après la dispersion par la force d'un rassemblement pacifique, a déclaré jeudi à l'AFP le chef du mouvement chiite Al-Wefaq, cheikh Ali Salmane.

Le Premier ministre, cheikh Khalifa ben Salman Al-Khalifa, oncle du roi, est à ce poste depuis l'indépendance de Bahreïn, en 1971.

En raison des tensions, les groupes de l'opposition ont décidé de reporter à mardi une marche prévue initialement samedi qui devait converger vers la place de la Perle.

Bahreïn est d'une importance stratégique pour Washington, qui y a installé le quartier général de sa Ve flotte, chargée de surveiller les routes maritimes empruntées par les pétroliers, de soutenir les opérations en Afghanistan et de contrer une éventuelle menace iranienne.

"Les manifestations se déroulent dans une zone éloignée de la base", a confié à des journalistes le colonel David Lapan, un porte-parole du Pentagone, précisant que des conseils de prudence avaient été donnés aux militaires américains, notamment de se tenir à l'écart des lieux des manifestations.

Londres a annoncé "l'annulation" de 44 contrats d'exportation de matériels de sécurité vers Bahreïn par crainte que ce matériel puisse être utilisé contre les manifestants.