Les Syriens ont enfin accès à Facebook et à YouTube. Près de trois ans après avoir bloqué l'accès à ces deux plateformes, les autorités syriennes jouent la carte de l'apaisement. Une ouverture relative : l'œil de Damas veille sur le Net.
Facebook est de retour en Syrie et la Maison Blanche s'en réjouit. Les Observateurs de FRANCE 24 ont confirmé ce qui faisait l’objet de nombreux tweets depuis mardi après-midi : après deux ans et demi de censure, les Syriens peuvent de nouveau se connecter à Facebook. Un conseiller de la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'est même fendu de félicitations adressées à Damas pour ce geste.
Mais le réseau star du web social, souvent cité pour son rôle supposé important dans les événements en Tunisie et en Egypte, n’est pas le seul à être de nouveau accessible en Syrie. YouTube, la plateforme de vidéos en ligne appartenant à Google, a également refait surface après plusieurs années d’absence forcée sur la Toile syrienne.
Deux gestes symboliques que les Syriens ont découvert par eux-mêmes. Les autorités n’ont en effet pas annoncé officiellement la levée de la censure. "C’est un geste important, mais pas suffisant car toute une série d’autres sites, moins connus, continuent à être inaccessibles", explique Bassam al-Kadi, un Observateur de FRANCE 24 installé à Damas et responsable du site Syrian Women Observatory.
C’est notamment le cas pour Elaph, le plus important journal en ligne du monde arabe, ou encore Asharq al-Awsat, l’un des quotidiens arabophones les plus réputés. Les autorités syriennes ne sont donc pas prêtes à laisser leur population avoir un accès illimité au réseau mondial. Pourquoi alors cette clémence envers Facebook et YouTube ?
Moins de censure pour plus de contrôle
Plusieurs commentateurs estiment que la décision des autorités damascènes envers Facebook et YouTube est un geste d’apaisement envers la population. Mieux vaudrait prévenir que guérir aurait ainsi raisonné le président Bachar el-Assad. "C’est sûr que cette décision est une conséquence directe des événéments en Égypte et en Tunisie", reconnaît Kouli Nourane, un autre Observateur syrien pour FRANCE 24.
Pour autant, l’explication ne lui semble pas satisfaisante. "A mon avis, les principales raisons sont que les autorités peuvent ainsi mieux contrôler ce qui se passent sur ces sites et ils se sont aussi rendus compte que la censure n’étaient pas forcément efficace", estime Bassam al-Kadi. En effet, une partie de la population – comme en Égypte ou en Tunisie – avait déjà recours à des méthodes éprouvées pour contourner la censure (proxy, réseaux virtuels, etc.).
Reste que rendre Facebook accessible à tous n’est pas sans risque pour le régime syrien, mais c’est un risque qui semble parfaitement calculé et maîtrisé. "La situation ici est très différente de l’Égypte ou de la Tunisie. L’utilisation de l’Internet n’est pas la même, il n’y a pas vraiment d’activistes sur les réseaux sociaux ce qui rend des sites comme Facebook moins utiles", conclut Bassam al-Kadi.